été 2011
N°47Gérard Bouchu
Halte aux idées reçues ! Puisqu’on ne peux plus bouger ou presque pour cause d’encerclement, c’est le moment de faire le point. Entre nous, et avec ceux qui acceptent de venir nous rendre visite par la route, le train, l’avion aussi. Qui aurait cru que Dijon serait un jour aussi emblématique que Toulouse, Bordeaux ou Nantes ?
Les Dijonnais. Oui, nous, on l’aime notre ville, on est heureux de voir que des touristes de toutes nationalités affrontent les barricades pour nous découvrir. Beaune avait ses remparts pour les attirer, nous on a eu les travaux. Inespéré. J’espère qu’ils ne repartiront pas déçus dans 18 mois, quand une ville “douce à vivre” s’offrira enfin à nous, qu’ils ne nous feront pas regretter la poussière, le bruit de cet été.
On rigole, mais c’est pas si drôle que ça. Les forums le prouvent, tout le monde piaffe d’impatience, les commerçants, comme les habitants n’en peuvent plus, faut encore faire un gros effort. Et ne pas mettre la faute toujours sur les mêmes : notre bon maire, qui a assez de problèmes avec ses amis socialistes (hou !), notre bonne opposition, qui n’a jamais aimé le tram et qui voudrait laisser les voitures au centre ville (hou !), les commerçants du centre paralysés par 30 années consécutives de vie plus ou moins peinarde et qui ont du mal à garder le sourire (ou même à l’avoir pour certains… hou !), les gens de la Toison d’Or qui veulent prendre la place des ceusses du centre ville (hou !). Certains vont encore caresser la chouette pour qu’elle exhausse leur voeu, mais le cœur n’y est plus. Hou ! Là, vous m’avez vu venir.
Dans le reste de la France, une fois les tramways sur les rails, les musées restaurés, les rues piétonnisées, les travaux terminés, on a vu le miracle arrivé : les familles reviennent vivre au centre, les artisans artisanent, les commerçants commercent - pas les mêmes qu’avant, non, et heureusement. Les temps changent, faut plus se contenter de faire ce que faisait papa ou le voisin, faut avoir des idées. D’accord, faut être un peu aidé par les pouvoirs en place, mais si ceux-ci veulent la garder (leur place à eux, suivez un peu !), ils ont intérêt à voir plus loin que les prochaines élections.
Déjà, grâce aux travaux, une nouvelle vie commence, au hasard des quartiers, on ne prend plus la voiture pour aller zoner en grande surface, le marché de Dijon fait le plein le samedi, celui du dimanche à Chenove aussi, c’est bon signe…
Maintenant que vous avez vécu un été torride, ce printemps, vous allez pouvoir profiter des deux mois à venir pour redécouvrir votre ville, à moins que vous ayez envie de montagne, de côtes rocheuses battues par le vent, la pluie… Si vous restez ici, nous avons trouvé de quoi vous occuper sainement.
Jouer les touristes ? Impossible, plus personne ne veut le faire : le Comité régional de tourisme en a même fait sa campagne de pub dans le métro :
“Il n’y a pas de touristes en Bourgogne”. Mais il y a plein de gens, comme vous et moi, qui ont envie de redécouvrir les bons plans que chacun garde pour sa famille et ses amis : tables cachées, festivals méconnus, balades à pieds, en vélo, sorties nocturnes. D’où l’idée de ce numéro “Interdit aux touristes… quoique”, car on a beau ne pas aimer être pris pour des touristes, c’est comme même mieux que d’être pris pour des cons…
Gérard Bouchu