Octobre novembre 2010
N°44Texte : Patrick Lebas
Photo : DR
Avec le thème de ce Bing Bang automnal, il nous fallait un vin spécial. Une cuvée capable de nous rappeler de bons souvenirs, de rappeler à notre vieille mémoire des images d’antan. On s’imagine alors sous les tonnelles, à l’époque où l’on sirotait des grandes gorgées de blancs, des déjeuners de famille où l’oncle avait très certainement débuté avant tout le monde. Ou mieux, lorsqu’un Jean Carmet nous narrait ces repas interminables avec quelques grands noms du cinéma, des beuveries d’un autre temps … Brassens, Villeret, Depardieu, Dewaere, Marielle, Arditi… et autre Pierre Dac. Ces grands bonhommes, tous hédonistes, adeptes du « qui n’aime pas le blanc n’aime pas les gens » s’en donnaient à cœur joie pour déboucher une bonne petite bouteille. Dans le jargon, on l’appelle la cuvée des copains. Oh, c’est rarement le canon du siècle. Une de ces petites cuvées loin des paillettes des grands terroirs, sur le fruit, comme on dit dans le milieu. Il y a en toile de fond, cette belle idée que la France produit aussi des super petits vins. Des vins d’Anjou, du Languedoc, du Beaujolais, capitale des vins sans prétention.
Morgon, voilà une jolie appellation, l’un des dix crus d’une région qui peut s’enorgueillir de tenir en 2009 l’un de ses plus grands millésimes. Julien Sunier n’est pas du cru, il est Dijonnais. Parti tenter l’aventure dans un vignoble où les prix sont plus accessibles, le jeune viticulteur s’occupe depuis 2008 de ses trois hectares et de ses trois appellations (Morgon Beaujolais village et Fleurie) en suivant une conduite 100% naturelle. Tout en biodynamie, les vins ne sont pas levurés et très peu sulfités… le résultat surprend, déstabilise parfois, mais le vin est bon, et si d’aventure les copains sont partants, le Morgon n’est pas cher, on en reprend !
Plus d’infos au domaine,
À Avenas.
Tél. : 04 74 69 91 74.
En vente 9 euros sur
www.grandsbourgognes.com
En regardant le JT de TF1, la vérité m’a explosé à la figure comme une canette de bière trop chaude qu’on se serait empressé d’ouvrir après une journée laborieuse. C’est la faute à Laurence Ferrari. J’ai d’ailleurs failli avec mon porc resté en travers. Fichtre, la présentatrice y va fort au moment de pousser le bout de gras du soir. C’est d’ordinaire l’heure où les grands travailleurs ont fini leur journée et goûtent au plaisir immodéré d’une bière, fraîche cette fois. Laurence, toute pimpante la fourbe, vient alors nous gâcher la fête avec un sujet qui fâche : l’alcoolisme chez les femmes, des cadres même. Comme le suggère le superbe sujet de TF1, la femme cadre boit !
Avec ce commentaire d’une alcoolique mondaine bien dans ses talons aiguilles mais nettement moins bien à l’écran. Il faut dire que la prod’ la « floute »
sévèrement, comme pour exacerber la gravité de la situation. Visage caché, la dame nous octroie un mémorable :
« Oui mais euh quand même, nous sommes cadres, nous avons de sacrés responsabilités (…) C’est vachement dur la vie de cadre… alors du coup, le soir, on se bourre la gueule ! ». Bon certes, la retranscription n’est pas complètement exacte mais le sens est là… Remarquez, au moins avec ce genre de reportage, on est moins embarrassé par le côté tragique de la situation. Qu’importe, Laurence tient là son sujet poignant. Chez TF1, ils appellent ça des enquêtes. À 20h12, la blonde nous renvoie dans nos 22 mètres avec cette insupportable et dramatique réalité. Attention à trois on culpabilise : 1, 2, 3… mesdames, messieurs, l’heure est grave : la France boit ! Car oui, il y a la France de Nicolas , celle qui travaille dur mais il y a aussi la France de Laurence, celle qui boit. Alors moi, en regardant le 20 heures, je me suis dit qu’il ne fallait plus que je me voile la face. Je profite de ces colonnes pour faire mon coming-out. Je suis, disons-le franchement, vinolique ou tout du moins apérolique. Mais ça Laurence, elle connaît pas encore… la fourbe !
C’est un petit paradis sauvé non pas des eaux mais de l’oubli par un petit jeune qui n’en veut. La Grange est un projet un peu fou, mélange de vieux et de neuf, de subtil et de terroir. Ambiance vieilles pierres et déco soignée, chic même, dans un des villages les plus charmants de notre coin. Rully, en côte chalonnaise, se trouve pile entre chalon et Beaune. Ludovic Briday, qui sort d’un trois macarons, a trouvé son concept. Il associe jeunesse et tradition dans une assiette qui se tient bien. C’est frais et fin, joli, inspiré et vraiment pas trop chère pour le type de cuisine proposée (un exemple au hasard : un filet de daurade royale à la cannelle sur risotto aux girolles et écume de champignons). De 27 à 45 euros les menus, 20 euros pour celui du jour (avec un verre de vin).
La Grange, 7 rue Saint-Laurent à Rully (71).
Tél. 03 85 91 21 37 ou www.restaurant-lagrange.com