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Magazine Dijon
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Bourgogne franche culture

Il y a 600 ans, Sara Tintinger devant le duc la toute première collection de prêt à porter présentée à Dijon

En avant-première pour Bing Bang

Il y a 600 ans, la toute première collection de prêt à porter présentée à Dijon par Sara Tintinger devant le duc Philippe le Bon

Pour imaginer la vie au quotidien dans le Dijon du XVème siècle, il suffit de feuilleter (virtuellement car la plupart ne sont plus visibles) quelques-uns des 900 volumes ayant appartenu à Philippe le Bon. Un tiers d’entre eux a été miraculeusement préservé et fait partie des trésors des bibliothèques de Bruxelles ou d’autres villes en Europe.


Défilé de mode au XVè siècle
Oh my Dukes
Un escargot qui tue un chevalier, des singes qui font de la musique ou des choses encore plus bizarres avec un bâton, des coqs qui se moquent des bonnes mœurs, de drôles de dames et des hommes à la cour portant des tenues équivoques…
Les miniatures donnent une image assez fascinante de la vie artistique à la cour de Bourgogne. Cette vie somptueuse au départ concentrée autour de Dijon et Beaune va suivre l’itinérance de ces princes qui passeront de plus en plus de temps, surtout les deux derniers, dans « les Pays Bas du sud » décrits dans l’ouvrage de Bart van Loo, best-seller de l’automne (on ne craint rien de l’annoncer, il en a déjà vendu 130 000 en VO, en hollandais ou en anglais)
À cause de la Covid, certains n’ont pas reçu leur carton d’invitation pour la grande soirée donnée par le duc actuel salle des États à l’occasion de la sortie de l’ouvrage de Bart van Loo. Pour vous consoler, on vous invite à un voyage dans le temps, sans masque, même si tout le monde semble déguisé sur le dessin de la page précédente.
Imaginez : vous faites partie des invités que Philippe le Bon a convié, en sa bonne ville de Dijon, à une première mondiale, pour amuser la galerie et la cour, avant de repartir en Flandre. Pas un bal masqué, non, juste la toute première collection de prêt à porter.
La grande salle de réception aux plafonds à solives peintes et sculptées, qui accueille aujourd’hui les tombeaux des ducs, est redevenue pour un soir un haut-lieu de festivités. Certes, l’immense cheminée flamboyante que vous voyez sur le dessin fut réalisée vers 1504 donc après la rénovation voulue par Philippe le Bon. Mais on ne va pas chipoter.
Sara, que l’on voit ici jouer les couturières, a commenté pour nous ce premier défilé à la cour de Bourgogne, qui ne pouvait pas se permettre d’être en reste, en1420, la plupart des cours européennes de l’époque étant devenues esclaves de la mode. Près de l’estrade, elle a jeté un œil amusé sur le fameux liripipion de Philippe le Bon. Et de nous expliquer comment les pointes du capuchon traditionnel s’étaient allongées de plus en plus, au point de finir par se draper à la manière d’un turban. Le duc avait juster rajouté une gorgerette qui tombait en plis sur son épaule.
La duchesse, quant à elle, portait un hennin dont la pointe s’élevait à plus d’un mètre et qui était orné d’un long voile descendant dans le dos. Un flocart, nous souffla Sara, qui n’aurait voulu pour rien au monde porter ce genre de cône que la reine de France, Isabeau de Bavière, avait mis à la mode : « les femmes devaient se raser le front pour pouvoir dormir avec ces chapeaux pas faciles à retirer. Pour l’hygiène, ce n’était pas l’idéal, les infections et maladies se développaient en dessous et les femmes pouvaient en mourir. »
« Pas joli, joli, tout ça », constata Sara tout en piquant un des chapeaux qu’elle a réalisé pour l’occasion. Voir une chapelière ou une bonnetière (on ne parlait pas encore de modiste à cette époque) essayer de placer le chapeau et le voile sur le haut de la tête d’une des suivantes de la duchesse, réquisitionnées pour le défilé, donne une idée du cérémonial mis en place pour le moindre bal, la moindre réception à la cour.
« Ces femmes en bavaient des ronds de chapeaux, car les architectures portées sont lourdes, non équilibrées, et doivent rester placées sur le haut de la tête sans tomber... C’est une parure qui dissimule sans cacher, les femmes nobles étaient considérées comme des beaux objets, des objets parfaitement inutiles ! »
Le ridicule n’a jamais tué, et le luxe, qui faisait travailler au Moyen-Age de très nombreuses personnes tels que les drapiers, tapissiers, pelletiers, chausseurs, chapeliers, continue de faire vivre aujourd’hui nombre de petits métiers qu’on prendra le temps d’écrire un jour, quand Sara voudra bien nous raconter sa vie, et ses combats, envers et contre tout, voilà cette fois, on l’écrit normalement, pour lui faire plaisir ! ■ GB
PS. Dessins et texte à paraître dans la nouvelle édition, revue et corrigée certes, et en anglais cette fois, du livre OBJECTIF DUCS, dont une première version est sortie l’hiver dernier dans un français certes approximatif, chez Z’EST Éditions.


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