Été 2018
N°75par J.G Dufour
La moutarde n’a rien à voir avec Dijon, c’est du pipeau, de la flûte, des racontars ! Les graines viennent du Canada ou des pays de l’est, on n’en produit quasiment pas chez nous ! D’ailleurs, il n’y a même plus un fabricant de moutarde sur la commune de Dijon ! On nous ment, on nous spolie !
La moutarde a toujours été produite dans des régions vineuses (Bordeaux, Tours, Reims, Dijon), du fait de la proximité du vinaigre qui est dérivé du vin. Dés le XIVème siècle, la Bourgogne se fait une spécialité de cette moutarde dont les graines poussent chez nous, ce sont souvent les charbonniers qui les sèment dans les clairières qu’ils ont déboisées pour faire leur charbon, et ensuite les revendent à des collecteurs qui fournissent les fabricants de moutarde ; les Ducs l’imposent partout dans le duché et elle acquiert une réputation inégalée, ah quand même !
Mieux encore, c’est en 1752 que Jean Naigeon substitue le verjus au vinaigre et la spécificité de la moutarde de Dijon est née !
Attention ! C’est l’eau qui donne le côté piquant de la moutarde, c’est très simple la moutarde contient des molécules de sinigrine et de myrosine dont le contact avec l’eau a pour effet de créer une réaction chimique qui libère l’isothiocyanate d’allyle qui est comme chacun sait une molécule organo-sulfurée. Lorsque cette molécule traverse le palais elle stimule le nerf trijumeau et donne cette sensation de picotement du nez et de la gorge.
Sachez que l’on retrouve cette molécule dans la composition du fameux gaz moutarde si en vogue dans les tranchées de la première guerre mondiale…
Mais la moutarde a aussi des vertus médicinales puisque des cataplasmes ou des sinapismes à la farine de moutarde servaient naguère à libérer les bronches et les poumons.
On nous signale les agissements à l’export d’un groupe nommé « Vive la Bourgogne » qui regroupe 23 PME agroalimentaires spécialisées dans les produits de notre terroir, ces sociétés se sont intelligemment regroupées afin de « chasser en meute » et de disposer de moyens communs pour attaquer des marchés lointains et se donner de la visibilité dans les grands salons mondiaux. Cette association est d’ailleurs présidée par Marc Désarménien le dirigeant d’Edmond Fallot, fabricant de moutardes. Il est entouré entre autres de la maison Mulot & Petitjean (pain d’épices), des Anis de Flavigny, et de bien d’autres.
Bonne chance à ce groupe de terroiristes !