61
Magazine Dijon

Hiver 2014 2015

 N°61
 
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06

Théâtre Dijon

Heureux Tartuffe ! BingBang frappe les 3 coups

Mieux vaut être dans les petits papiers de Tartuffe, si on ne veut pas finir en taule, c’est bien connu. À moins d’avoir la chance d’avoir un ministre (du roi) dans sa poche. Ou l’équivalent actuel.
La morale de cette pièce qui a créé l’évènement cette fin d’année à Dijon ? Il n’y en pas vraiment, quand c’est Lambert (Benoît de son prénom, déjà une provocation !) qui s’attaque à Molière. L’imposteur a gagné tous les cœurs. On l’applaudit, on l’embrasse, on lui souhaite d’avoir un bon avocat, on attend déjà son retour parmi nous... en avril !


Tartuffe-ou-l-imposteur
Tartuffe ou l’imposteur (avec de g auche à droite M. Schambacher, E. Grebot, A. Reinhorn, A. Cuisenier et C. Roy
© Vincent Arbelet

C’est bien connu, mieux vaut être dans les petits papiers de Tartuffe !

On s’est fait avoir par ce diable d’homme qui ne jure que par le ciel. On s’en est tapé pourtant, des Tartuffe. Je ne parle même pas du domaine privé, ce serait trop facile, vous lisez comme moi les quotidiens, non ? Simplement comme spectateurs, au fil des décennies... Rappelez-vous !
J’ai encore en mémoire un Tartuffe en costumes d’époque où j’avais du bayer aux corneilles entre deux répliques tartes-à-la-crème. Au Parvis-Saint-Jean, pour être franc, quand le rideau s’est levé, j’ai mis une bonne dizaine de minutes à me dire qu’on n’allait pas au désastre. Malgré le décalage des costumes, le jeu des acteurs, ça démarrait comme si on était sur une scène de Centre dramatique national ou de théâtre municipal des années 70, 80, 90... Et puis, doucement, la magie opère, la distance s’efface, les mots de Molière semblent traduits en langage contemporain, Orgon n’est plus une caricature, ses proches nous le sont aussi.

Et quand Tartuffe entre en scène, on est pris par l’action comme si on ne savait pas ce qui allait arriver. On passe de l’époque Louis XIV à celle d’Hollande 1er, du monde dramatique des gens de théâtre à l’atmosphère d’un polar contemporain, avec des personnages troubles pris dans l’engrenage de leurs passions.
Il aurait peut-être fallu qu’on ait droit à plusieurs fins. La fin dramatique, avec Orgon ruiné partant en prison sous l’œil amusé de ce bon Tartuffe. Rideau. Pleurs dans la salle. Silence. Puis lever de rideau et musique annonçant la fin heureuse, pour rassurer le contribuable. L’émissaire du Roi Soleil aurait pu être remplacée par une envoyée d’un président (dit comme la) Lune.
Orgon sauvé, sa femme frustrée d’une aventure qui aurait pu la faire marrer, la progéniture rassurée (elle pourra hériter). Outre la rémission de ses péchés, le bon citoyen recevrait une nouvelle médaille par la même occasion.

Stoppons-là. Benoît Lambert a rajouté quelques images sans parole, à la fin, qui resteront dans les mémoires. Comme la présence de Dorine, la servante-maîtresse, qui finit par avoir un geste de pitié envers celui qui a joué et perdu et qui retourne, elle, à sa place, après avoir permis à ses maîtres de retrouver pouvoir, argent et félicité.
Avec un peu de chance, vous pourrez applaudir toute la troupe, réunie autour d’Emmanuel Vérité, lors de la tournée printanière et des représentations d’avril, au Parvis. Vous pourrez leur dire à votre tour : "Merci pour ce moment". Dommage que l’ex-concubine du président ait utilisé cette expression pour écrire des scènes de boulevard qui n’ont rien à voir avec Tartuffe. Quoique...

■ Gérard Bouchu


 
 

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