
Bonne idée que d’avoir communiqué sur le futur tramway dijonnais dans Les Echos, Le Parisien ou tel quotidien national. Mais, tout en découvrant la vision du Dijon de demain, on pouvait voir dans les autres pages l’annonce de « La Folle Journée de Nantes », qui fait vibrer une foule incroyable, en hiver, autour de la musique classique, on découvrait le futur musée ethnographique de Marseille, on apprenait les projets de Strasbourg et Bordeaux, on rêvait déjà de se retrouver à Bourges pour le Printemps, à La Rochelle avec le programme des Francofolies, à Rennes pour les Transmusicales ou tout projet théâtral d’envergure…
Toutes ces villes n’ont pas (encore) de tramway, mais toutes ont des idées et surtout une image. Tout comme Dijon, qui pourrait créer l’évènement, demain, autour de son musée… et surtout d’un festival à la dimension de nos rêves.
L’avenir dira déjà si le choix de lacher les Fauves, cette année, sur les pas de Matisse, va inciter les Français à venir passer un week-end à Dijon. On le souhaite, car ils auront de quoi se nourrir et le corps et l’esprit. Ce qui est la moindre des choses pour une ville de 150 000 habitants, direz-vous. On n’est pas des ploucs, quand même, vous répondra le rigolo de service, qui a déjà pris sa place pour applaudir Dubosc une seconde fois !!! Dubosc à qui on fait le coup du ban bourguignon à chaque passage : ça aussi, ça va aider, pour changer l’image de la ville !!!
Et surtout, par pitié, cessons de dire : « il y a tellement de choses à voir qu’on ne sait plus quoi choisir », pour faire « tendance » car, faute de moyens, de connaissances ou d’intérêt réel, les programmations actuelles ne réussissent qu’une fois sur deux à ramener au théâtre, à l’opéra, et dans les salles un public qui va chercher ailleurs ses sources de connaissance ou de divertissement…
Une partie de la population a besoin qu’on l’aide à vivre mieux, dans ses rêves, dans ses espoirs. Regarder des vieilles séries en DVD permet de chasser l’angoisse des lendemains. Dans Chapeau melon et Bottes de cuir, Steed lançait à sa partenaire : « Madame Peel, on a besoin de vous ». Et bien, « Monsieur le Maire, on a besoin de vous ».
Le festival baroque souhaité pour la ville de Rameau se déroule l’été à Beaune, qui bénéficie en plus du seul festival de cinoche dont on rêvait depuis des années… Il y a bien des micro-festivals pour animer les quartiers dits sensibles ou faire vibrer le centre-ville (le vieux théâtre fut même transformé en scène rock en février !) et des micro-évènements pour satisfaire telle ou telle association plus ou moins turbulente.
Mais pas de grand festival pour faire vibrer les Dijonnais de 7 à 77 ans et surtout faire connaître Dijon à l’extérieur comme une ville qui bouge dans sa tête comme dans ses murs.
On a chassé le seul metteur en scène assez fou et intelligent pour faire, autour du lyrique, un rendez-vous du cœur et de l’émotion. C’est à lui qu’on doit, en mars, ces « Contes d’Hoffmann » dépoussiérés, brillants, drôles, enlevés, applaudis par tous ceux qui n’ont pas eu peur d’affronter la grêve annoncée des musiciens de l’orchestre (voir plus loin).
Monsieur le Maire, il est temps de rendre de la vie à la culture, sans tomber dans le snobisme ni le ringardisme, avant que l’auditorium ne croûle sous la poussière, que les marches du théâtre ne servent qu’à manger des kebabs, que le Parvis Saint-Jean ne retombe dans l’oubli, que les artistes ne boudent les Feuillants, etc, etc… Certes, Dijon à Jamait et en est fière. Mais jamais on a eu le sentiment d’avoir si peu à se mettre sous la dent, alors qu’on a une programmation qui reste pléthorique. Politiquement incorrect ? Oui, on peut le dire.