Octobre 2016
N°68
À 56 ans, Frédéric Lesueur passerait, s’il le pouvait, sa vie à voyager. Ce globe-trotter dijonnais ne porte pas sur lui la panoplie du touriste. Il est plutôt du genre gentleman. Ses deux boutiques Nature d’Homme sont situées côte à côte, rue Amiral Roussin. Deux entrées pour une enseigne. Deux univers qui résument assez bien les facettes de sa personnalité. Un côté jeune, trendy et sportswear (Armani, Barbour...) Un autre plus select, habillé, haut de gamme (Hugo, Lacroix, Jacob Cohën...) Ses clients, son métier, il en parle avec passion, assis au café de La Causerie des Mondes, histoire de s’évader. « La vente est une scène de théâtre. J’ouvre la porte et je monte sur les planches ». Il raconte aussi son itinéraire depuis les années 80. Post-bac, la tête à papillonner, sa mère le tanne pour travailler. Elle lui tend le combiné et lui prête le costume du paternel. Il décroche son premier vrai job dans le prêt-à-porter. Il se souvient avec affection de ces anciens grands messieurs qui faisaient la mode d’antan. Morel, Goguillot… Retour de l’armée, Frédéric a de la suite dans les idées, s’il faut vendre autant bien le faire. Il s’inscrit en école de management et se met un leitmotiv en tête : rester indépendant, à 100%. En 1992, il réussit au forcing à racheter sa première boutique. Puis vient la seconde en 2001. Des concurrents ? Sûrement pas son voisin Berthier et ses 600 m² de marques, mais Internet, contre qui il est difficile de lutter. Alors, il se défend comme il peut, avec ses armes : service, sourire et politesse. Chez lui, on irait bien refaire sa garde-robe, si on en avait un peu plus les moyens, pour être un peu plus classe. Un peu, comme lui.
■ Pierre Cuin