Printemps 2019
N°78Retour sur deux décennies qui ont changé la vie d’un homme, d’une ville, et d’un monument qui avait conservé sa tour, ses collections mais qui n’était plus dans les normes ni dans le vent de l’histoire.
Et Emmanuel Macron pourrait jouer ici le Roi Soleil, qui avait à l’époque tenu à faire de l’ancien logis des ducs un palais d’apparat. Le seul à avoir entamé des travaux aussi importants depuis Philippe le Bon, qui sera forcément aux côtés du maire (en pensée) lors de l’inauguration.
Et pour l’occasion, la cour de la mairie sera débarrassée des voitures des adjoints et des visiteurs. La seule qui n’apparaitra pas sur la brochure en cours d’impression sur la double décennie écoulée, montrant Dijon engorgée puis libérée.
Robert Poujade, qui avait donné le conseil à son successeur de conserver la minéralité de la place de la Libération (bravo !) et de ne pas placer au milieu de statue de Louis XIV (il devait déjà se méfier du petit Macron) sera-t-il de la fête ?
Le plus étonnant, vingt ans après, c’est de voir François Rebsamen entrer à son tour dans l’histoire pour un projet fou dont il n’avait pas imaginé l’ampleur le jour où, encore tout neuf dans son habit de maire, il découvrit l’envers du décor d’un musée qu’il connaissait depuis son enfance. Sous les combles, alors réservés aux archives, des dessins de Devosge étaient en piteux état, comme le batiment lui-même. 40 degrés en été. Pas de protection incendie, à une époque où tout le monde fumait dans les bureaux. Et des tableaux posés à même le plancher, qui attendaient un signe du destin.
Quant il a vu la chapelle des élus encombrée de vieux radiateurs et servant de débarras, il a commencé à parler du musée autour de lui. Mais le combat allait être long, les conservateurs de l’époque méritant encore leur nom.
Demain, quand on se promènera à l’abri des velums tendus au dessus de la place de la Sainte-Chapelle, il faudra penser aux hasards de l’histoire qui ont placé un homme face à un destin qu’il imaginait peut-être ailleurs. Au ministère de l’Intérieur à Paris, notamment.
À son successeur (pas de féminin pour le dire, et ça entretient le suspense) reviendra la tâche de créer un véritable chemin des Musées partant du MBA pour aller en direction d’un Consortium transformé en vrai musée d’art contemporain et d’une Cité de la Gastronomie qui inquiète encore nombre de Dijonnais.
Le musée est devenu le cœur vivant de la ville. Ne reste plus qu’à voir ses principales artères débouchées, entre Théâtre, République, Halles et Préfecture. Un autre combat commence. ■ GB