Automne 2017
N°72par Gérard superstar Bouchu
Fake news… la grande tendance du moment. Dorex fabrique des fausses pubs, les communiquants de tous bords nous balancent de fausses infos. Du coup, on a eu envie de vous en glisser quelques-unes, en vous laissant décider vous-mêmes de la véracité du propos. Prononcez à voix haute, vous verrez, on ne fait pas la différence : Info ? Un faux ? On ne va pas vous mentir, on est les premiers à se faire avoir, quand la com est bien faite. On a essayé quand même de vous offrir quelques vraies news au milieu de nos délires habituels, rendez-vous en décembre, dans le BB73, pour vérifier, si vous avez des doutes... Ou jetez un oeil aux pages suivantes, si vous êtes pressés !
On aura attendu des années pour voir enfin une poissonnerie rouvrir à Dijon, à l’image de celles qui font le bonheur de millions de citadins à travers le monde, avec d’un côté une vente à emporter, de l’autre des mange-debout et des tables pour déguster sur place fruits de mer ou recettes marines. À la place de l’auto-école, incongrue sur cette place de la Libération aujourd’hui piétonne, on devrait voir prochainement s’installer une poissonnerie-restaurant « Au Martin-Pêcheur », hommage à un drôle d’oiseau n’ayant rien à voir avec certain député familier de la place, précisons-le tout de suite
William Frachot, le petit prince de la restauration dijonnaise, sera-t-il le futur chef de l’Elysée ? Sans pour autant délaisser le Chapeau Rouge, et faute d’une troisième étoile qui se fait attendre, le prince William pourrait bien se mettre en marche pour le palais de l’Elysée. Un palais où il a été reçu le mois dernier par Brigitte et Emmanuel Macron, en tête à tête avec une centaine d’autres grands chefs, pour parler cuisine électorale allégée et recettes du succès.
Pendant une semaine, les étudiants de l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Nancy ont planché sur l’avenir de Dijon. Leur vision du quartier de la gare et de son extension jusqu’à ce qui sera demain la Cité de la Gastronomie mérite un coup de chapeau. Dijon fut trop longtemps aux mains d’architectes connus pour leur étiquette politique, a reconnu le maire de la ville, avant de découvrir ces dessins, s’appuyant sur une étude historique, sociologique du quartier, pour déboucher sur une utopie réaliste. Pour faire oublier la fracture gare-jardin de l’Arquebuse, il ne suffit plus de jeter une passerelle au dessus du boulevard, il faut supprimer le trafic routier pour les uns, voire l’enterrer pour d’autres, aménager une galerie marchande, apporter de la lumière, végétaliser, créer des escaliers par gradins pour accéder au jardin, des buvettes… Le plus étonnant de tous restant la coque en verre gigantesque permettant aux voyageurs arrivant par le TGV de rejoindre la ville d’une part et la future Cité de l’autre, en traversant un jardin et un quartier qu’il faudrait raser en partie. Si vous deviez voter pour un de ces projets, à la place du maire, pour accompagner l’ouverture de la Cité en 2019, lequel choisiriez-vous ?
Angelo Ferrigno s’est fait remarquer en 2016 en décrochant le titre envié de plus jeune étoilé de France. Une étoile qui s’était posée à la surprise générale sur la tête plutôt bien faite de ce garçon de 23 ans, formé par Thomas Collomb aux Cariatides. On se rappelle comme le bouillant Thomas, parti rouvrir La Rôtisserie du Chambertin, avait laissé seul au piano son élève, et comment celui-ci avait poursuivi dans la voie ouverte par Michelin. Deux ans après, changement de cap, changement de vie : tandis qu’une autre élève de Thomas s’installe aux cuisines des Cariatides, Angelo rend son tablier pour se lancer dans une restauration à taille humaine, moins contraignante. Il a demandé au propriétaire immobilier le plus gourmand de Dijon, Philippe Bernard, de lui dénicher un petit nid dans une de ses maisons. Ce dernier pourrait dès lors s’associer à Angelo pour ouvrir une trattoria haut de gamme, où il pourrait s’amuser à faire le service de temps à autres. Affaire à suivre.
La place de la Lib n’en finit pas de rajeunir. À deux pas des « Enfants du Rock », bar gardé par un Hulk gentil (ici, c’est la patron qu’il vaut mieux ne pas énerver !), bientôt un bar pour tatoués gastronomes à la place du Chanoine. C’est à David Zuddas que le concepteur du projet a pensé immédiatement depuis qu’une photo du chef posant nu dans une baignoire était passée dans ce magazine. Photo réalisée par Dorex, adepte du maître qui a pris cet été des cours de cuisine pour ouvrir ce nouveau repaire dont on connaît déjà la devise : « Tout ce qui est tatoué est à moé ».
Un Martin pouvant toujours en cacher une autre, c’est à Christine Martin, adjointe à la culture, qu’on devrait l’installation prochaine place du théâtre non pas d’un food truck à l’américaine, car elle a toujours été contre, mais d’un « vrai Fritkot comme en Belgique ; on dit aussi Fritüre ou friterie ! » ce qui devrait faire le bonheur des noctambules et ne gênerait en rien les voisins. Promis, ce seraient « des vraies frites noyées sous des tonnes de sauce andalouse et des fricadelles ». Quel rapport avec la culture ? C’est inscrit au patrimoine mondial et reconnu comme « chef d’œuvre du patrimoine oral et immatériel » de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Un épisode de Capitaine Marleau tourné en Bourgogne fin 2018 ? On en rêve,maintenant que cette série géniale sur FR3 a battu des records d’audience. Comme un épisode prochain est censé se passer dans le monde de la boulangerie, notre « Coluche local » l’attend de pied ferme. Depuis qu’il a remporté au niveau régional (il n’est pas allé en finale) le concours lancé par TF1 à l’heure où les ménagères sont devant leur télévision, Patrick Frémont a gagné ce nouveau surnom, donné par les animateurs de l’émission. Son accent a fait fureur à la télé, tout comme sa faconde et ce que certains ont pris pour des pets de nonne alors que c’étaient des pets de donuts ! Et les femmes qui défilent devant la boulangerie, en espérant qu’il leur prouve son doigté désormais légendaire, peuvent être rassurées : sa mère n’est pas là à demeure.
Un immense Barnum, comme à Munich, c’est le dernier des projets sortis de la tête de Jean-Bernard Jacques, un des plus bouillants restaurateurs dijonnais, designer à ses heures perdues (il dort peu). Après avoir dessiné les chalets qui devraient donner à la place de la Libération, en décembre, un véritable air de fête,`il a pensé offrir aux Dijonnais, devenus en un an des buveurs de bière encore plus que de vin, une fête bavaroise trois jours durant, en octobre 2018. Le recrutement des serveurs et serveuses a déjà commencé, quant à l’orchestre, il serait dirigé par le plus international des musiciens dijonnais, Thierry Caens lui-même, qui a toujours gardé le costume bavarois réalisé pour un projet théâtral avec Pitoiset.
Depuis qu’un couple nous a demandé un jour où on pouvait trouver les meilleurs « Macron » de la ville, on a demandé aux visiteurs étrangers de nous donner leur avis sur la question. Une fois de plus, on peut dire qu’il y en a pour tous les goûts. Mais c’est Pascal Dupuy, le chef pâtissier français installé depuis plus de vingt ans en Norvège, rencontré à Oslo en septembre, qui a départagé tout le monde : « Vous avez Gillotte à Dijon, c’est le meilleur ! » Quand je lui ai dit qu’on avait maintenant dix pâtissiers-chocolatiers haut de gamme à Dijon, il m’a parlé ensuite de Franck Pourrier, qui avait débuté chez lui, à Oslo. Le monde du sucré-salé est tout petit !
Ce n’est pas en Asie qu’on pourra retrouver Laurent Peugeot, comme nous l’a confié un proche, mais aux Saisies, en Savoie. Une erreur qui peut se comprendre, phonétiquement parlant. C’est le patrimoine gourmand du Beaufortain qui sera cette fois le terrain d’études d’un des plus bouillants chefs bourguignons de ces dernières décennies. En partenariat avec la nouvelle Table des Armaillis, création très attendue de cette table d’hôtes de haute volée, avec boutique et bar à vins dans la continuité. Ouverture mi-décembre. Plus d’infos sur le site www.villagelesarmaillis.fr
Finies les revues municipales montrant les éternels rangs d’oignons aux inaugurations, les portraits de conseillers en costume ou en tailleur cul coincé, les villes passent à la com détournée. Nos cousins flamands se sont exercés depuis longtemps, les édiles se lâchent, les photos pleine page sont belles, les commentaires décalés. Dans la cité des Ducs, on ne pouvait pas rester à la traîne. À partir du 1er avril, c’est un nouveau mag municipal que nous vous offrirons, où seuls les adjoints et chefs de service méritants auront la parole, s’ils troquent la langue de bois pour l’humour. L’opposition aussi, car les lettres de plainte, les pleurs et grincements de dents sans propositions constructives, drôles, pertinentes seront systématiquement rejetées.
La vie et non pas l’avis, on ne va pas jouer au plus malin ici. Déjà, on a essayé de vous tromper dans les pages "FAKE… you !" mais vous avez naturellement fait la part du faux… Petit récap, et dernières nouvelles du monde de la restauration, rien que pour vous.
Faux : William Frachot ne retournera pas à l’Elysée, mais continuera sa quête des étoiles. On est curieux de voir ce que le futur guide Michelin, après avoir boudé Dijon une année, décidera pour 2018. « L’Essentiel » sera-t-il honoré par le bonhomme ?
Faux : David Zuddas reste chez DZ, il n’a rien contre les projets un peu givrés, mais la place de la Lib, non ! Et il n’y aura pas de poissonnerie à la place de l’auto-école, encore un rêve qui s’envole, avec le martin-pêcheur.
Vrai : Keigo Kimura, qu’on avait connu il y a huit ans aux Bons Enfants, dans un petit village perdu au nord de l’Yonne, avant de le retrouver, jeune chef étoilé de « L’Aspérule » à Auxerre, devrait installer ses équipes et sa cuisine rue Jean-Jacques Rousseau à Dijon début 2018. Trop tôt pour être dans le futur guide Michelin, à moins d’un miracle.
Vrai : « The Duke », le nouveau bar-resto à bières de Christophe Héry, 8 rue Auguste-Comte, ouvre ses portes en novembre face à un restaurant russo-tchétchène, dont on ne dévoilera pas le nom pour l’instant, ni le visage des femmes en cuisine, pour une raison qu’on vous laisse deviner. On ne regrette pas, du coup, d’avoir lancé notre nouvelle série sur les quartiers mutants par Jean-Jacques Rousseau (voir plus loin) car on est ici en plein choc des cultures. Pas de boissons alcoolisées d’un côté, et un service féminin ; pas de thé de l’autre, et un univers plus masculin, qui devra se plier aux nouveaux codes d’un quartier en marge qui se soigne.