Hiver 2018-2019
N°77Voyage en terre méconnue
Il y a ouatmille façon de visiter la colline éternelle…
• La façon géologique et archéologique, très pragmatique mais qui a tout son intérêt.
• La façon scientifique, qui décortique l’Art Roman dans sa plus pure expression.
• La façon ésotérique et mystique pour les initiés seulement, ou comment décrypter les messages cachés, les messages secrets dissimulés dans la pierre des chapiteaux de la grande église. Et les interprétations en la matière sont légion.
• La façon artistique avec la foultitude d’artistes, musiciens, écrivains, sculpteurs passés ou présents qui y ont trouvé, un temps, quelque retraite.
• La façon cinématographique Grande Vadrouille en tête, rappelez-vous l’entrée falsifiée de Meursault qui n’était autre que… la porte neuve vézelienne !
• Et la façon historique. On l’aurait presque oublié celle-là. Ou comment passer d’un village de quelques quatre cents âmes aujourd’hui à la New York du XIIe siècle de quelques dix mille habitants ? Pas très originale ? Et pourtant, si vous saviez…
Et si au lieu de monter en droite ligne jusqu’à la basilique on prenait le temps de serpenter dans les rues, là où les murs portent les stigmates de ces immeubles médiévaux qui pouvaient compter six niveaux au-dessus des caves et devenus, depuis, de bêtes murs de séparation entre une simple cours et la rue ? Ah oui ! Parce qu’il y a ça aussi. La partie visible et rabotée par le temps et la partie immergée de l’iceberg avec deux, parfois, souvent même, trois niveaux de caves qui accueillaient aussi bien les pèlerins que tout ou partie de l’activité économique grouillante du XIIe siècle.
Alors, oui, vous allez me parler de Saint-Bernard qui vient prêcher le départ à la deuxième croisade en 1146 devant cent mille personnes. Et Louis VII alors ? L’époux d’Aliénor d’Aquitaine. Tient oui elle aussi elle était-là avec son époux royal et elle a même participé à la croisade. Mais ça c’était avant. Avant qu’il ne divorce et qu’une fois séparés, chacun engendre avec leur nouvel(le) épousé(e) un nouveau roi. Et quels rois ! Un Philippe Auguste d’un côté et un Richard Cœur de Lion qui fait fantasmer l’imaginaire par sa bravoure et connu même des Américains, si, si ! Et ces deux enfants terribles se retrouvent, eux aussi, à Vézelay quelques années après leur parent respectif… Gageons que pour célébrer leur départ en croisade ils ont su largement « mouiller leur pipe du bon vin qui était du blanc » car ceux de Vézelay étaient dans le top Ten des vins les plus prisés, déjà...
Mais je m’égare dans les couloirs du temps et ce n’est pas très mystique, c’est vrai, mais nettement plus scientifique et historique. Comme quoi même ce vieux concept historique peut avoir aussi un côté très drolatique.