Automne hiver 2011
N°48Et si Dijon devenait une des premières villes touristiques de France ? Rencontre avec Éléonore Bonnard,
directrice de l’Office de tourisme de Dijon !
Ce qui l’amuse, c’est de voir qu’on s’est planté dans notre dernier mag, en pensant que les touristes n’allaient pas oser franchir les barricades pour venir passer l’été ou l’automne parmi nous. Ils n’ont jamais été aussi présents aux yeux des Dijonnais. D’accord, ils n’en sont pas à rester une semaine complète, mais les nuitées augmentent, notamment dans les chambres d’hôtes et appartements avec vue qui ne cessent de se multiplier.
A Dijon, quand il y a des touristes, on dit : « C’est chouette ! ». Qualificatif sympathique mais insupportable, qui me rappelle la lecture des guides du Routard d’hier, faits par et pour une bande de « chouettes copains ». Chouettes balades, chouettes restos, chouettes musées…
Pour ne plus m’entendre ronchonner, Éléonore me glisse la nouvelle édition du Parcours de la Chouette, agrandi de deux nouvelles boucles. Un guide plein d’anecdotes, avec des photos très sages. Le ton reste celui des parcours guidés destinés, comme dans toutes les villes d’Europe, à des visiteurs ayant peu de temps pour apprendre l’essentiel. Deux mille ont défilé les jours de pointe devant les agents de l’Office, qui les ont pointés, précisément.
Pas mal, d’autant que nombre d’entre eux ont acheté un petit pavé doré à emporter dans les bagages, avec le pot de moutarde, les pin’s, les magnets chers aux visiteurs asiatiques… et les t-shirts. Éléonore ne porte pas de signe extérieur de richesses locales, du moins ici, car elle n’hésite pas à porter nos couleurs et les cartons de prospectus, lors de chaque virée américaine, japonaise, etc, etc.
Les directeurs d’office n’attendent pas qu’on leur dise d’aller se faire voir ailleurs : il est bon d’être sur le terrain, lors des grands raouts, des grandes foires, des grandes manifs. Éléonore fait son job et continue, au retour, d’assister aux grandes manifestations de la vie culturelle dijonnaise au sens large…
Après trois années passées à Dijon (elle arrivait de Reims), elle se sent heureuse de vivre ici, et ça se voit, au point qu’on a du mal à imaginer les empoignades possibles avec les élus (comme partout !), les projets qui tournent court, les rêves non réalisés. Les Nuits de Moïse, la nouveauté de l’été, restent « une belle opportunité pour la ville ». Faut-il les affiner, pour en faire une vraie balade contée capable de mener, du centre ancien à la Chartreuse, des visiteurs sous le charme ? Pourquoi pas ? Imaginer un vrai musée de la moutarde, ludique et technique, à mi-chemin de celui que les anciens d’Amora nous faisaient visiter et des néo-musées d’aujourd’hui… pourquoi pas ?
Il y a plus important à ses yeux : le futur TGV qui va permettre de tisser des liens encore plus étroits, à partir du 11 décembre, entre douze agglomérations du Grand-Est. Avec la future Saint-Vincent tournante et les projets de l’aéroport, on n’a pas fini de voir arriver des touristes à Dijon.
Et les pleurants, Éléonore ? Elle avait une photo d’elle avec les nouveaux symboles de la vie dijonnaise aux yeux des Américains, mais elle n’a pas voulu nous la montrer. Pour qu’on ne se moque pas. Comme si c’était notre style. Comme de faire de l’humour avec son nom. Rien que pour nous chagriner, elle est capable de se marier et de changer de nom. Elle est comme ça, on vous dit, Éléonore Bonnard.
Gérard Bouchu