Printemps 2015
N°62Par Gérard Bouchu
La Dijonnaise-type vue par Didier Bontemps. Selon un sondage, elle aurait 38 ans, s’habillerait au centre-ville, n’aimerait plus la moutarde mais adorerait l’arbre de la Liberté (là, on rigole !).
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On avait commencé l’année plein d’espoir et de bonnes intentions. Toute cette foule magnifique défilant, en silence, un certain dimanche de janvier, ces pancartes proposant un câlin gratuit, tous ces Charlie d’un jour délirants du crayon aux côtés de certains vieux Charlots de la vie politique locale. On revoyait le sourire de Cabu, pas revu à Dijon depuis des décennies. Quand il était venu faire un reportage, on avait versé une larme, parce qu’on avait appris la mort de Brassens ce jour-là. La femme d’un ancien maire de la ville l’avait l’accueilli à la Foire en le confondant avec un journaliste de l’Hebdo, on ne pouvait pas lui reprocher de ne pas connaître Charlie Hebdo, à l’époque.
« Je suis Dijon », « Dijonnais ensemble » ou « Dijonnais en paix »... On a pensé à ces titres, en revoyant certaines pancartes sur les photos prises ce dimanche-là. Et aussi à des dessins, pour illustrer le futur mag élaboré à la fin d’un hiver où la grippe elle-même nous aura pris la tête, alors que le froid avait vidé les rues et le manque de fric les magasins.
Dijon est masculin, bande d’analphabètes !
« Tu es qui, ma belle Dijon ? » Albert Tournepage, qui est un retraité heureux et le seul d’entre nous à échapper aux affres des fins de mois difficiles, nous a secoués. « Ta question, elle est idiote. Faut s’appeller Jamait pour parler de ma belle Dijon ! On dit pas ma belle Lyon, ma belle Mâcon, bande d’analphabètes ».
J’aurais pas pensé à Dijon au masculin, fallait tout revoir. Comme nous faisons nos réunions de rédaction (!) à l’Alchimia, l’équipe du bar-galerie nous a adoptés. Christophe et Nicolas nous ont dopés au café, d’où le dossier que vous allez découvrir, quelque part dans ce numéro. Alex Doré, qui est plutôt drôle pour un photographe punk dépressif, nous a apporté des images d’une ville mutante pour nous rassurer, et a entamé une nouvelle série de portraits intimes dans le monde des tatoués. « Pour une fois, tu parleras d’autre chose que de boutiques qui ferment, de chefs qui se tirent ailleurs et d’adjoints verreux (sic) » (écrit comme ça, car il voulait certainement parler de quelqu’un qui laisse pourrir la situation des poubelles et du verre au centre-ville)...
Vivement les beaux jours et le retour des touristes chinois. Dijon et la Bourgogne ont besoin de touristes, même si ceux-ci n’apportent pas grand chose au petit monde de la restauration et des bars (on est classé en dernière position, en France !)
Heureusement, on est 883 Dijonnais et Dijonnaises de plus qu’en 2010. Si, si, ça ne se voit pas dans les rues, mais ce sont des chiffres sérieux. Et il y a plein de gens qui aiment cette ville, même s’ils n’y vivent pas à demeure, et déclarent vouloir repartir un jour prochain pour tenter l’aventure ailleurs.
L’aventure, pour nous, commence au coin de la rue, pleine de dangers, de surprises. Vous ne nous croyez pas, feuilletez ce mag, il est bourré de vitamines (et peut-être de fautes, mais on ne va pas chipoter !).