Printemps 2012
N°50Expo Dijon
Ce qui frappe à première vue lorsque l’on pénètre dans cette grand salle blanche c’est le doute sur ce que l’on y voit. Photo ou peinture hyper-réaliste ? Non, ce sont bien des photographies qui sont accrochées là. De grands portraits de versos de tableaux, à l’échelle un. Le terme n’est pas trop fort tant chaque œuvre a de personnalité. D’abord parler de la finesse du rendu. Ces autres côtés, choisis par l’artiste dans plusieurs réserves de musées, sont chacun une œuvre graphique à part entière. Sur certains des raccords, des tâches ; sur d’autres des coutures, des écrits ou des étiquettes. Exit les cadres dorés, les stucs ou les paysages mordorés, ici les tableaux ne vous séduisent pas par leur facture ou leur style, c’est juste le support qui vous parle. Il raconte son histoire, ses déboires, ses rafistolages ou ses propriétaires successifs. Certains ont beaucoup à dire. Il y a les grands voyageurs avec leurs multiples étiquettes de transporteurs et leurs escales prestigieuses, New-York, Tokyo, London... Certain sont vissés, cloutés, contre-plaqués, ça fait mal rien que de les regarder. D’autres sont des menteurs, on y aperçoit des roses de style Art nouveau or ce sont les usures d’un temps beaucoup plus moyenâgeux. Enfin, celui là fait frémir. Estampillé MNR, un nom tragiquement connu y est écrit à la craie. C’est la douloureuse histoire d’une famille certainement disparue qui nous saute aux yeux.
A la fin de la dernière guerre, de nombreuses oeuvres récupérées en Allemagne ont été rapidement restituées à leurs propriétaires spoliés par les Nazis. Celles non réclamées furent confiées à la garde des musées nationaux. Elles constituent ce qu’on appelle des MNR, « Musées Nationaux Récupération »
Tous ont un intérêt, purement graphique ou historique. Du plus petit au plus grand, tableau dont le recto est très célèbre ou œuvre d’un parfait inconnu, du plus ancien au très contemporain, ils vous charmeront tous par ce qu’ils ont de moins évident : leur autre côté.
C’est à cela que s’attache Philippe Gronon, nous faire voir ce que l’on ne voit pas ou ce que l’on ne voit plus. Ces choses ordinaires qui magnifiées par son appareil deviennent bien plus que de simples objets.
Pour cette collection de tableaux, le photographe a voulu terminer en beauté. Son numéro 50 n’est autre que « l’origine du monde » de Gustave Courbet et lui aussi, il a des secrets...
Musée des Beaux Arts - Musée Magnin - Galerie Barnoud - Du 18/02 au 21/05