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Magazine Dijon

Hiver 2019/20

 N°81
 
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Couchey Une histoire viticole à rebondissements In Divio Veritas

Couchey rassure les papilles d’un amateur de vin et son nom retentit comme une promesse d’un beau vin rouge marqué par des arômes de fruits rouges et noirs. Le cassis y a d’ailleurs vécu de belles récoltes !


Couchey vu du ciel

La rencontre avec le vin de Couchey conduit en général plus loin : à la visite du village et des alentours. Deux sites géographiques semblent se distinguer sur la commune : d’une part, venant de la départementale, la plaine, sur laquelle se déploient actuellement des habitations groupées en lotissements ; d’autre part, la colline s’élevant au-dessus du village rejoint le plateau de Flavignerot et ensuite le mont-Afrique. L’altitude moyenne est de 311 mètres. Cette « colline » regroupe le cœur du village et les vignobles de haut renom de la commune. La plaine était couverte de vignes avant l’urbanisation.
La colline peut être considérée comme l’ancêtre de Couchey : les premiers groupements humains ont choisi d’y installer leur camp. Autrefois, pour citer Couchey, on parlait des vins de la Côte dijonnaise. La vigne a pris possession des terres, et ce depuis Marsannay puis bien au-delà de Couchey.
Le climat est continental. Il pleut, mais « pas plus qu’ailleurs » dans la Côte-d’Or.

De l’eau pour le vin !

L’escarpement est d’origine tectonique et résulte de l’effondrement du socle sous l’effet de la poussée alpine. À la corniche abrupte, sillonnée de combes (combe de Vaulon, combe Pevenelle) s’oppose le profil convexe des éboulis produits par l’érosion de la falaise, sur lesquels la vigne s’y harmonise à merveille, surtout là où la pente est plus accusée, face au soleil levant, qui disperse les brouillards qui montent de la plaine et l’humidité.
La roche calcaire du Jurassique moyen affleure et les corniches abruptes contrastent avec des versants à la pente plus douce sur lesquels s’accumulent les dépôts. L’eau de pluie des plateaux supérieurs s’infiltre dans le calcaire faillé qui compose le plateau. Une couche de marne imperméabilise et fait ressortir ces eaux sous forme de sources.
Le patrimoine bâti lié au vin se retrouve jusqu’au cœur de Couchey, dans ses magnifiques maisons vigneronnes où la belle pierre foisonne. Le patrimoine rural y est très dense : l’église, la croix, le château.
La plaine qui s’étend au pied du coteau est un lieu de forte mixité : des lotissements, des vignobles de moindre qualité, et jardins se mélangent aux cultures de plein champ et aux potagers.
La zone d’activité de l’autre côté de la D974 influence la perception touristique du lieu et traduit la pression urbaine prononcée.

Côte de Nuits ou…

la commune de Couchey a longtemps hésité. En 1937, elle n’a pas souhaité prendre le train de l’appellation Côte de Nuits. Les élus et les vignerons n’ont pas donné suite à la proposition d’adhésion offerte. La production de vins couvre alors la demande de grossistes, cafés, épiceries et consommateurs dijonnais. La crise (mévente) intervient au sein des communes ayant souscrit à une appellation alors qu’elle épargne Couchey. Les cépages Gamay et Aligoté y font recettes et permettent aux nombreux vignerons de la commune de vivre sur cette production. Les vignes fines ont alors disparu des coteaux appelés alors du Dijonnais.
Il faudra attendre Albert Derey, maire et vigneron pour que la notion d’appellation reprenne corps au sein de la commune. En 1987, sous l’impulsion de M. Coeurdevey alors maire des lieux, poursuivant les travaux d’Albert Derey, l’appellation MARSANNAY nait et couvre également Couchey. Elle rappelle aux consommateurs la rigueur des vignerons et la qualité de leurs productions.

Le pardon d’un meurtre

La production viticole de Couchey est très ancienne. Le premier témoin en est l’acte de donation de parcelles, en 536 de notre ère, par Grégoire d’Autun, 16ème évêque de Langres, à l’abbaye Saint-Bénigne de Dijon, un titre de quatre journaux et demi de vignes assises au finage de Couchey. (Archives départementales de Côte d’Or, G337, liasse 6).
Un second témoin apparaît en 630 de notre ère, lors de la donation de vignes en quantité importante assises sur le finage de Couchey à l’abbaye de Bèze par le duc Amalgaire et son épouse Aquiline, souhaitant obtenir le pardon divin pour un meurtre. Notons que dans ces deux références, la donation porte sur des parcelles déjà plantées en vignes, donc leur origine est antérieure à ces dates. Puis, jusqu’à la Révolution, les abbayes (abbaye de Bèze, abbaye Saint Bénigne, abbaye Saint Etienne de Dijon, abbaye de Saint-Seyne, l’abbaye de Cîteaux et la Sainte Chapelle de Dijon) et les seigneurs du lieu dont plusieurs se partagent simultanément le fief de Couchey, maintiennent une production viticole sur une surface atteignant les 270 hectares.

On régresse…

Après les ventes des parcelles en qualité de biens nationaux, cette surface va atteindre 235 hectares en 1830 en reprenant son niveau maximal de 276 hectares à la veille de l’attaque phylloxérique de 1878. Puis cette surface va progressivement se réduire, avec une forte régression lors de la mise en place des primes d’arrachage par l’Etat afin de favoriser l’urbanisation des lieux. En 2000, la superficie du vignoble a avoisiné 57 hectares.
Ces données sont issues des relevés effectués sur les matrices cadastrales de la commune depuis 1830 jusqu’à 2000 et auparavant par un inventaire détaillé des actes de propriété des différentes abbayes, institutions religieuses, fabriques, actes notariés des seigneurs des lieux, jusqu’à la Révolution, et des inventaires des biens nationaux et de leur vente pour l’époque révolutionnaire. ■ Roland Bugada


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