Printemps 2019
N°78par Dominique Bardin
On rentre dans le dur, il est temps d’attaquer la planche, sur papier, ou support numérique.
La deuxième option, choisie pour Zurihanis, permet plus de rapidité, on peut multiplier les essais, se planter, corriger, rectifier très vite… Maestro s’arme d’un stylet, il travaille sur sa tablette et réalise ses planches au format publication, en se basant sur son story-board. Son truc, son credo peut se résumer en 3 mots en ce qui concerne les outils : « Less is more » ! Un minimum d’outils pour un max de possibilités. Il utilise deux, trois pinceaux sur la trentaine proposée par le logiciel. 90 % de la BD est réalisée avec le même pinceau, ça permet d’avoir quelque chose d’homogène. L’utilisation d’un trop plein d’outils et de gadgets graphiques, ce serait trop facile, mais surtout lourdingue, lassant pour le lecteur. Numériquement, l’auteur crée plusieurs dossiers par planche, avec dans chacun d’eux, des calques qui se superposent, un pour les vignettes, un pour les bulles, un pour les textes, un pour le crayonné, un pour l’encrage, et un pour les couleurs.
Mais attention, avant de rendre le tout à l’éditeur, il y aura du sang, des larmes, des heures sous la lampe, sans manger ni boire, bref une ascèse terrible.
Car Maestro, en démiurge, a voulu tout faire, scénario, dessin, colorisation, tout maîtriser, ce sera sa création à lui, totale, absolue. Et ça, c’est une satisfaction formidable, il aura conçu et fait - comme dit la chanson - sa BD tout seul.
Où est passé le Didier Bontemps qu’on connaissait ? Le prof amateur de bons mots et de bons vins s’est enfermé ces derniers mois dans le silence et dans son grenier, faute de monastère sous la main, pour plancher sur une BD grave et belle qui nous entraîne à la découverte du Dadaïsme et d’un épisode fantasmé (et fantastique) de l’histoire de l’art.
Depuis 2013 et « L’affaire Ronsillac », on n’avait plus eu de nouvelles de Phil Cargo, son anti-héros préféré. Il était alors en train d’enquêter dans un Dijon enneigé sur une affaire bien glauque qui allait l’entraîner déjà dans le passé et jusque dans les caves d’un Vézelay mystérieux. Des tableaux volés, des meurtres, des règlements de compte, façon Tardi, pour ne citer qu’un influenceur, et encore.
Avant il y avait eu « Le vol de la Joconde », qu’il serait temps de rééditer avec les deux autres, pour nous offrir une trilogie sur le monde de l’art. En attendant déjà le prochain, autour de la disparition mystérieuse de Ming, lointain cousin de l’Ombre Jaune cher à Bob Morane, ou d’un portrait inédit de Philippe le Bon retrouvé chez un restaurateur flamand.
Car il est bien gentil, Didi, mais avec tout ça, il n’a plus le temps de dessiner le Dijon du temps des Ducs qu’on comptait vous offrir en avant-première dans ce mag. Va falloir qu’ils le mettent à la retraite, à l’Éducation Nationale, qu’il puisse enfin faire œuvre utile. On a besoin de lui pour raconter la face cachée de la vie des Ducs. Achetez vite sa BD, il nous demandera moins cher pour ses dessins, si Zurihanis fait
un carton ! ■ GB