64
Magazine Dijon

automne 2015

 N°64
 
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09

« Chiennes », de Marie Vindy Femme de sang

Tout commence à Dijon, ville réputée calme. Mais, chacun le sait, il suffit parfois d’un rien pour que le calme se transforme en tempête. Et toute tempête fait des victimes, en la personne des faibles, des paumés, des mal-nés, ou simplement des naïfs.


Parution de « Chiennes », de Marie Vindy

« Chiennes », de Marie Vindy, nous conte l’histoire tragique de trois jeunes filles : Aude, d’abord, 18 ans, lycéenne à Saint-Joseph, dont le corps sans vie a été retrouvé ; la jeune fille a été violentée, violée, avant de recevoir une balle dans la nuque ; Malika, ensuite, a sauté du 7e étage de son immeuble, sans raison apparente, et l’on se pose des questions, même si le suicide ne fait aucun doute ; Najika, enfin, a, quant à elle, disparu soudainement et reste introuvable.
Autour de ces trois visages de jeunes femmes gravite tout un monde interlope, petits caïds des cités, jeune fils de bonne famille suspecté de trafic de stupéfiants, monde opaque de la prostitution, de la violence et de la drogue dans lequel viennent s’engluer de jeunes proies immatures ou avides de profits immédiats.
Les trois affaires sont-elles liées ? C’est ce que vont tenter de découvrir à leur risques et périls un flic et un gendarme, deux hommes banals qui tentent d’endiguer une barbarie qui s’acharne sur les créatures les plus faibles.
Le roman de Marie Vindy, qui respecte la chronologie, est structuré comme un article de presse, et c’est normal puisque l’auteure est aussi journaliste, spécialisée dans les faits divers. C’est donc un ouvrage sociétal dont la lecture est à la fois aisée et frustrante : nous nous trouvons devant les faits, et rien que les faits, d’où une certaine linéarité de l’intrigue, qui peut peser. Tout cela transpire le vécu, et comme Marie Vindy déteste la langue de bois, rien n’est caché des vices et tares affectant les représentants des ethnies formant la matière humaine de « Chiennes ».
Ressent-on néanmoins de l’empathie pour les trois héroïnes-victimes ? Non, selon moi, et c’est là où le bât blesse. Ce roman à la précision chirurgicale et au style resserré ressemble à un constat : « voilà comment tout cela s’est passé », nous dit Marie Vindy. Il manque quelque chose, mais quoi ? Peut-être un détail qui nous permettrait de transcender l’âpreté formelle des situations. Sur toute tragédie règne un Sphinx – voir le personnage d’Hannibal Lecter, créé par Thomas Harris, un modèle du genre, l’homme aux « six doigts », marque de l’infamie. On le cherche en vain ici. A moins qu’il n’apparaisse masqué dans un personnage secondaire, une femme bipolaire qui traverse le livre comme un fantôme, et donne ainsi la clé du récit : dans chaque humain un démon sommeille, et nul n’est entièrement libre de son destin.
Mais je parle ici d’un autre univers. Marie Vindy a le sien. Et même si je suis porté sur les intrigues plus métaphoriques, il faut bien reconnaître que, dans le genre, « Chiennes » se doit d’être salué comme une réussite.
« Chiennes », de Marie Vindy,
la Manufacture des Livres, 386 p., 18,90 €.

Voir aussi :

- Marie Vindy, auteur

- Cavale(S) de Marie Vindy


 
 

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