42
Magazine Dijon

Avril mai juin 2010

 N°42
 
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04

Cheese burgers surgelés Rock and drôle… ou triste à pleurer ? Ou comment comparer les semblables !


Test culinaire Cheese burgers surgelés
Une pure question de ligne éditoriale. Rien à voir avec la gastronomie ;
tout juste avec l’alimentation, si on accepte de la considérer comme contrition. J’aurais dû me méfier. L’idée, c’était de faire un banc d’essai accordé à la thématique générale du numéro. Un soir de probable beuverie chez le Bruno, l’affaire des pleurants à New York avait inspiré le comité de rédaction : on va faire une édition « Dijon rock and roll ».
Là, déjà, j’aurais dû me méfier ; pourquoi pas Quétigny musette. Mais bon, si c’est pour l’homogénéité du journal, effectivement ; et puis, c’est eux les jeunes gens modernes ; et puis, c’est royalement payé, convenons-en. Alors go pour les cheese burgers surgelés, puisqu’il paraît que ces choses s’achètent, pas cher du tout d’ailleurs : quatre euros environ le pack de six, voire moins. Soit un peu plus de cinquante centimes pièce, fromage et viande compris, rêve américain non inclus dans l’addition. A ces tarifs, en temps de crise, nous étions prêts à toutes les concessions. C’est que nous ignorions encore ce qu’il nous en coûterait, merci les copains.
Définition du produit : « préparation surgelée à base de pain spécial, préparation de viande bovine hachée cuite, sauce et fromage fondu ». Plus une tapée de colorants, émulsifiants, acidifiants, antioxydants et autres machins en E, une bonne douzaine au total, pas tous mortels. Mais ayant convié à cette épreuve un enfant de treize ans, j’ai soudain été saisi d’un remords rétrospectif ; ça confinait à la maltraitance. J’ai vu Jean-Paul Thibert au bord de la dépression. Les jeunes, vaillants et déterminés au début, avaient du mal à finir. Et moi qui en trente ans de carrière ai bouffé des choses impensables, des termites, de la trompe d’éléphant, des escargots, de la panse de brebis et même un peu de vache enragée, j’ai enfin expérimenté ce que c’est que l’agueusie : une mollesse inerte à peine marquée par une effluve douceâtre ou acidulée. Le pire, ce n’est pas l’absence de goût ; c’est qu’on s’absente de soi, du coup. A dire le vrai, au départ, nous trouvions l’expérience plutôt amusante, en réalité, elle était à pleurer.

Et c’est alors que j’ai entrevu, entre deux verres d’eau pour faire passer la colle, le sens profond de l’opération : les pleurants, c’était nous. Les autres étant partis aux Amériques, flanqués de quelques joyaux du patrimoine local, il nous appartenait d’assurer la permanence, ce que nous fîmes, non sans grandeur, jusqu’au dernier rogaton de cornichon, l’inconscient pénétré par cette certitude que la Bourgogne ne saurait se passer de pleurants. Je vais réclamer notre classement au patrimoine local.
Et en attendant, qu’on ne me parle plus de ligne éditoriale.
Jean Maisonnave

PS : Il y a dans ce qui précède de l’exagération, voire de la fiction. Surtout en ce qui concerne ma rétribution. Mais le fond est véridique, on le verra à ce qui suit.

Le protocole

La dégustation des cheese burgers s’est tenue le jeudi 4 mars, 10 h., dans les locaux de l’Ecole de cuisine de Jean-Paul Thibert à Talant. Les produits ont tous été achetés la veille au soir et placés dans la même chambre froide. Ils ont été réchauffés au micro-ondes après essai, à raison de 5 minutes par paquets de six, four à 1000 watts. Dégustation anonyme et silencieuse, avec de l’eau et non du coca, comme le suggéraient certains (cheese/coca, le couple infernal !). Les coefficients retenus par le jury de choc, rassemblé pour la circonstance, étaient : visuel sur 2, olfaction sur 3, dégustation sur 5. Rétrospectivement, on aurait pu se passer du visuel : c’étaient tous les mêmes. Quant au jury, ce fut le plus silencieux que j’aie jamais vu. On ne sait pour quel motif :
jeunesse, concentration, accablement…

Jurés

les jurés du test culinaire
1 - Adeline NONCIAUX (Agence C tout Comme), 31 ans
2 - Antoine GALINDO (étudiant), 22 ans
3 - Charles GALINDO (étudiant), 20 ans
4 - Arthur GRIMALDI (collégien), 13 ans
5 - Jean-Paul THIBERT (cuisinier)
6 - Jean MAISONNAVE (critique gastronomique)

Origine

Commentaires

Prix
au kg

Note sur 60

Classement

THIRIET
Saint-Exupéry – Dijon

Bonne tenue, pain pourtant très mou. Honnête qualité du fromage et de la viande (la seule du test à révéler un peu de jus). Saveur dominée par un agréable oignon et non par l’acidité.

1€ 99 le pack de 2 (soit 5€97 les 6) 130g/pièce

39,50

1er

PICARD
Boulevard des Allobroges – Dijon

→ seul échantillon à 135 g la pièce. Aspect classique, le fromage est moins pâle que la moyenne – fumet d’oignon, sauce à couleur tomate, peu de saveur mais nette, et viande pas desséchée.
Le poids de viande par pièce est le plus élevé de la série.

1€ 95
le pack de 2
(soit 5€ 85 les 6)
135g/pièce
36,5

2ème

LIDL
« Mc ENNEDY »
Pain pâle et sec, mais bonne odeur de fromage – viande convenable et nez plaisant de cornichon – c’est à l’olfaction que cet échantillon gagne ses talons.
→ indication « plat de côte »
3€ 19 le pack de 6 130g/pièce 36

3ème

ALDI
Avenue Poincaré – Dijon
Viande très blanche, néanmoins correcte à la dégustation.
Sauce de bonne odeur mais saveur introuvable et sécheresse.
3€ 19 le pack de 6 130g/pièce 31,75

4ème

GEANT CASINO
Fontaine les Dijon
CHARAL
Pâleur générale, odeur marquée de moutarde douce, sauce assez plaisamment acidulée, mais finale doucereuse, sucrée à l’excès.
→ indication précise pour la viande : plat de côte
4€ 62 le pack de 6 130g/pièce 30,25

5ème

INTERMARCHÉ
Fontaine les Dijon
« Top Budget »
Ensemble pâle, aspect, texture et saveur. Pain assez bien levé mais très mou - viande élastique, nez dominé par une vieille odeur de fromage
→ attention = le moins cher, mais chaque pièce pèse 125 g avec 44 % de pain
2€ 82 le pack de 6 125g/pièce 30,25

6ème

CASINO
Marque distributeur – Dijon
Aspect correct, hormis la sauce très orangée. Pour le reste = peu de caractère, sauf le pain, trop sec, qui plombe l’ensemble. 3€ 59 le pack de 6 130 g/pièce 29,25

7ème

LECLERC
Dijon Nord
« Pack Family »
Pain sec et fripé, friable = vieux ou mal surgelé, dommage : 44 % !
Fromage sans goût, dominante vinaigrée de la sauce, présente et assez rebutante (14 %)
7€ 06 le pack de 12 (soit 3€ 53 les 6) 130 g/pièce 21,25

8ème

Conclusions :

- Nous affirmons sous la foi du serment n’avoir aucune accointance avec les maisons considérées ; force est pourtant de constater que les deux premiers de notre récent banc d’essai sur les macarons se retrouvent encore aux deux premières places. Dans l’ordre inverse. Pas très étonnant en fait : ils sont fabriqués par la même boîte que les quatrième et cinquième. Quant au troisième, il est fabriqué selon toute apparence par la même entreprise mais ailleurs. Alors pourquoi les différences de note ? Parce que les recettes sont légèrement différentes, sauf Charal, Thiriet et Mc Ennedy, identiques. Dans ces cas-là, c’est la nature du fromage qui a fait la différence, olfactive surtout. Probablement parce que le mélange des fromages fondus ne peut pas être toujours strictement le même. Notons que les septième et huitième proviennent itou du même faiseur.

- Quels que soient les fabricants, et l’extrême ressemblance des recettes, les notes du jury sont très convergentes : le premier a ainsi été classé par quatre jurés sur six, le second par quatre aussi (deux l’ayant placé en tête). Sur un ensemble particulièrement indifférencié, cela valait d’être noté. Idem pour les derniers (mêmes origines, recettes des sauces différentes).

- On voit malheureusement que l’ensemble des notes n’est pas seulement cohérent. Il est bas. Cinq produits à peine au dessus de la moyenne, alors que les jurés ont été dans la notation plus indulgents qu’à l’ordinaire.

- Après examen approfondi des produits, mon conseil : Picard pour la vertu. C’est le produit le moins colonisé par l’invasion chimique et le plus généreux en viande. Et Mc Ennery pour le rapport qualité-prix. C’est le même produit que Thiriet, en un peu moins gras et en moins cher. Mais surtout, sauf contrainte exceptionnelle, essayez de manger autre chose, ceci dit sans snobisme aucun.

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1 Message

  • Cheese burgers surgelés 25 mars 2011 21:45, par Cleofide

    Eh eh, j’ai eu le malheur de prendre une boîte de Mc Ennedy ce midi, et j’ai dû jeter les 2 derniers « hamburgers ». Je trouve que le jury a été très gentil dans ses notations, pour ma part j’ai attribué la note « poubelle » aux miens. Mais ce n’est pas comme si je m’attendais à autre chose... Par curiosité, j’ai cherché cette marque sur internet, et je suis tombé sur votre test.

 
 

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