Printemps 2015
N°62LaFP
Les Dijonnais qui lèvent la tête, d’abord parce qu’ils sont fiers et ils ont raison, mais surtout pour admirer le patrimoine de leur ville, ont peut-être une idée fausse de ce qui se passe derrière les façades à pans de bois ou les immeubles bourgeois… Loin des stéréotypes, certains habitants aidés de professionnels rafraîchissent leurs appartements de manière plutôt détonnante ! BBmag est allé visiter pour vous quelques intérieurs ou extérieurs atypiques. Vous verrez qu’il y a des architectes qui osent tout, et des Dijonnais qui leur font confiance.
Habiter en ville, et encore plus dans le centre historique, est une grande chance mais il manquait à la tribu Perrichet la joie de pouvoir prendre son café dehors dès les premiers rayons de soleil. Encore plus difficile quand on est au premier étage ! Non point, avec le génie d’un jeune architecte, l’audace d’un serrurier génial, la maîtrise d’un menuisier-compagnon revenu du tour de France, on arrive à… une terrasse en porte-à-faux, effleurant le bâti du XVIIe qui flotte dans l’air dijonnais. Ne demandez pas quand le peintre va passer, ça reste brut, fort, un trait d’acier Corten©, un geste architectural, une signature.
Parole d’architecte : “Notre client étant passionné d’aviation, nous avons travaillé autour de la structure très tramée et très profilée rappelant les ossatures d’aluminium des carlingues d’avions.”
Plus d’infos : paulgodart.com
Invisible ou presque, cette villa typique des années 50 nous aurait fait frémir d’horreur il y a quelques années, mais voilà, c’est maintenant hyper mode. Pas tout hein, le public s’extasie devant quelques belles architectures vintage, mais n’exagérons pas, personne n’est prêt à habiter l’immeuble Boutaric. Et pourtant, c’est beau ces coursives, pilotis, demi-étages… Alain Golmard lui, déjà au fait de la valeur du mobilier de ces mêmes années, a choisi là un superbe écrin pour son mobilier de chêne clair et ses fauteuils de velours chenillé. Rénové à l’identique ou presque, c’est beau… La villa, construite en 1952 par Pierre Beck, reprend toutes les particularités du célèbre architecte, créateur de la cité Billardon en 1953 : construction en béton et en verre, horizontalité.“Je crois que Pierre Beck a vraiment eu la liberté de s’exprimer ici”, explique M. Golmard. “C’est le premier vrai modèle de ce type en France. Il existe très peu de maisons de ce genre.” Le bâtiment est en effet fortement inspiré par les modèles de villas à l’américaine. C’est l’un des seuls de ce type qui a été construit en France dans les années cinquante. Une villa unique et très discrète, qui s’avère être, plus qu’une commande, une création.
Quand on est architecte et écolo, on renonce au pétrole et on a des idées. C’est le cas d’Agnès et Pierre-Étienne, à qui un petit terrain pour une grosse maison qui ne consomme rien ne fait pas peur. Après démolition des bâtiments satellites, le corps de la maison est “coiffé” d’une construction nouvelle en ossature bois. Un volume simple, qui vient en limite séparative sur les côtés. La vêture est en pin Douglas laissé naturel, issu des forêts du Morvan. La toiture est recouverte de zinc prépatiné gris anthracite avec deux panneaux solaires thermiques au sud.
S’inscrivant dans une démarche environnementale, cette maison ne consomme pas de CO2, n’ayant recours à aucune énergie fossile, et elle occupe peu d’espace : seulement 80 m² d’appui au sol pour une surface de 200 m². La maison a besoin de peu d’énergie, son fonctionnement revient à moins de 2 euros par jour. Enfin, elle a été entièrement réalisée par des entreprises du bâtiment, artisans et PME distants de moins de 25 km du chantier.
Plus d’infos : www.topoieinstudio.com
Acheter un terrain et faire construire, ça paraît facile sur le papier, mais le résultat n’est pas toujours à la hauteur des rêves de départ au vu des nombreuses réglementations. Ici, le toit végétalisé et la récupération des eaux pluviales étaient obligatoires… Un petit pas vers une construction raisonnée ?
Parole d’architecte : “L’objectif principal a été de travailler les transparences, à la fois entre l’intérieur et l’extérieur, mais aussi entre chacune des pièces. En utilisant ces rapports, la maison s’articule en tournant autour d’un patio baigné de lumière jouant sur les contrastes tout au long de la journée.” Pari réussi, l’alliance du verre, de l’acier, des pierres brutes est parfaite, l’escalier est aérien.
Plus d’infos : paulgodart.com
Quand un ancien trader, revenu de grandes villes boursières du monde, fait rénover son appartement au centre-ville de Dijon, ça donne des idées et Lionel Lance de l’atelier Calc n’en a pas manqué. Pour preuve, cet escalier dont les haubans ne sont pas sans rappeler quelques ponts outre-Atlantique et la ligne la fameuse œuvre de Calder à Chicago, Flamingo. Pièce-maîtresse, il est beau sous toutes ses coutures et donne une lecture duplex de l’appartement. La salle de bain est également un magnifique petit bijou de simplicité japonisante… Une baignoire en bois et un toit qui s’ouvre entièrement sur le ciel pour que le propriétaire puisse, selon la météo, prendre un bain tonique s’il pleut ou romantique sous les étoiles.
Plus d’infos : www.ateliercalc.com