51
Magazine Dijon

été 2012

 N°51
 
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09

Celui que ses amis nomment Titus


titus-peintre

Celui que ses amis nomment Titus commence à peindre tout petit et, dès tout petit, il fréquente les ateliers. Formé à toutes les techniques classiques, il fait ensuite des études de philo, par goût, et part pour l’Angleterre en apprendre plus. Pour lui, la philosophie et la peinture font écho à ce même questionnement : “Pourquoi y a t-il quelque chose plutôt que rien ?”. C’est son interrogation première, sa phrase fétiche. Bien entendu, il cherche toujours. Le questionnement est le même, qu’il soit philosophique, pictural ou graphique.
“Bon, en ce moment je peins un visage. Une fois épuré de tous les détails, ça reste un visage, mais c’est plus le squelette, l’essence d’un visage. Transformé, nié, il questionne sur le retour sur soi. Il est sombre, il vous fait penser à telle ou telle chose. Est-ce que la finalité de l’œuvre, c’est le sentiment ressenti ? Est-ce qu’il y a un message ? Non, il n’y en a pas. Le seul message qui soit est : vous avez un objet devant vous, pourquoi un objet plutôt que rien ?”

Le jour où je saurais pourquoi je peins, ce visage avec cette expression, je crois que j’arrêterai de peindre. La peinture n’est qu’un prétexte. Qu’est ce qui fait qu’il y a une toile, une rencontre avec le public plutôt que rien ?

Titus peint de très grands formats, dans un garage rebaptisé l’Atelier, un lieu souvent ouvert et partagé. C’est là que les toiles naissent, des portraits étranges, sombres, façon David Lynch, signées Le Pèse Nerf. C’est là aussi qu’il reçoit les acheteurs potentiels, une fois, deux, dix fois avant de leur vendre un de ses tableaux. Il tient à ce que les gens s’impliquent, même dans l’achat. “Mes toiles ne sont pas des paquets de nouilles, je ne suis pas un produit de consommation”. Malgré la difficulté, de bons collectionneurs le suivent depuis longtemps. Le Pèse Nerf préfère rester rare, ne pas trop s’exposer et vendre à l’extérieur. Il refuse certaines ventes, discrètement. Drôle de Zig, il refuse également que ses tableaux soient achetés avec des fonds publics. “Même s’il est évident que la culture ne peut pas vivre sans, que c’est un ciment, comme l’éducation, moi je n’en ai pas besoin. Je refuse que l’argent d’un plus pauvre que moi me revienne. Ça sert à servir le groupe, la communauté mais pas moi.”

Début octobre, Titus ouvre avec des partenaires privés, et sans subventions, deux lieux en centre-ville : La petite fabrique, cent mètres carrés pour créer, expérimenter, chercher, tester et La Fabrique, un local plus grand pour exposer des artistes dans d’excellentes conditions et qui, en partenariat avec des compagnies de théâtre, deviendra un lieu de répétition et de spectacle.

Un artiste est obligatoirement politisé parce qu’il s’inscrit dans une cité et qu’il porte un projet de société. Ma politique à moi, c’est de dire que la culture doit être préservée, mais ce n’est pas une espèce de niche fiscale, culturelle, où l’on prendrait sa subvention et on travaillerait dans son coin. La culture est faite pour retourner au public. On n’est pas exemplaire, mais on veut montrer l’exemple : voyez, on peut y arriver, il y a plus d’éventualité de se planter que pas, c’est difficile, mais en tout cas, on fait vivre la culture.

Alors, à La Fabrique, il y a de grandes chances pour qu’il y ait beaucoup de choses à voir et à entendre plutôt que rien…
Françoise Perrichet


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