
Vous avez remarqué ? Il a fait beau une grande partie de l’hiver – mais oui, même quand il a fait -12° pendant 10 jours. Et que fait le Dijonnais quand il fait beau ? Déjà, il dit qu’il a froid et il peste contre le mauvais temps qu’il a fait dimanche : "qu’il fasse beau en semaine, d’accord, mais c’est le week-end qu’on peut en profiter. Mais qu’est-ce qu’ils fichent donc ?". Il est vrai que notre région n’est pas réputée pour son ensoleillement, que le premier hiver que vous y passerez vous obligera sans doute à investir dans des pulls en vraie laine et surtout, que vous découvrirez enfin le vrai sens du mot "brouillard".
C’est ce qui explique la transformation radicale du Dijonnais au moindre rayon de soleil : il sort ses tongs début mars et prend des couleurs dès qu’une chaise est au soleil. C’est un souci à Dijon : s’asseoir au soleil en terrasse devient une lutte stratégique, même en plein coeur de l’hiver, au point d’indisposer les fumeurs qui se sentaient bien tranquilles, tout seuls à prendre l’air dans le froid, relégués qu’ils sont, pauvres résistants à une vie saine et économique, mais imposée. Même si les non-fumeurs viennent les rejoindre parce qu’ils s’embêtent au chaud et se demandent ce qu’ils se racontent, les intoxiqués, dehors, mais c’est une autre histoire.
Mais surtout, le ciel bleu, quelle que soit la saison, donne des envies de barbecue au Dijonnais. Et ce qui est très sidérant, c’est qu’il revient le lundi matin vous parler du barbecue qu’il a fait l’autre jour (ou s’en vante sur Facebook), mais que si vous vous promenez dans les zones résidentielles, vous ne trouverez que calme et sérénité. Pas un cri d’enfant, un aboiement de chien, bruit de ban bourguignon et surtout, pas une seule odeur de saucisse. A croire qu’ils font leurs barbecues dans des sanctuaires loin de la ville et des inconnus... ou dans leur salon. Un mystère à éclaircir un jour ou l’autre...
Carla Garfield