été 2012
N°51Depuis dix ans, avec l’arrivée de la gauche au pouvoir dans la ville, on a vu les pierres s’animer, les terrasses s’avancer et les jardins s’ouvrir aux jeux, aux gens, aux festivals. Certes, les festivaliers n’avaient pas attendu l’an 01 pour faire « La fête en ce jardin », l’été était show place Darcy, l’Estivade était belle quand elle animait la rue, l’été, dans les années 80-90.
En ce temps-là, la ville au cœur de pierre jouait encore les belles endormies, la vie s’arrêtait aux portes du centre ancien, les quartiers extérieurs semblaient si loin. La circulation empêchait la vie de circuler, mais on ne s’en rendait pas compte.
Tout a basculé en quelques mois, au fur et à mesure de l’avancement des travaux du tram. Dans ce numéro, on s’est amusé à suivre les fils du tram, de la place de la République au port du Canal. Deux quartiers considérés comme peu attrayants, reconnaissons-le, deux portes d’anciens faubourgs qui n’incitaient pas à la rêverie jusqu’alors. Nouvelles terrasses, nouveaux restos, nouveau marché, nouvelles têtes… Les bouchons ont sauté, les doubles voies ont disparu, les voitures décimées roulent au pas, les imbéciles klaxonnent moins, les arbres revenus incitent les chiens à lever la patte et les trekkeurs urbains à aller de l’avant.
Le tram a tissé des fils qui rendent la vision de ces quartiers presque belle, elle qui virait du pathétique au sordide il y a peu. L’arrivée des chenilles cassis redonne de la couleur, le vert pousse entre les rails, les pavés aussi, d’ailleurs.
Sous les pavés la plage, qu’ils disaient, les anciens. Ne parlons pas de bleu ici, qu’il soit clair ou marine, dans ce numéro vert. La provoc, on en connaît les limites, mine de rien.
Demain les barricades cassis vont sauter, on va pouvoir traverser encore plus facilement le nouveau centre-ville, désormais lové au creux du tram, pour rejoindre des quartiers dont les journaux vous font écho, souvent. Des éco-quartiers, supposés être la panacée demain. Si les architectes voulaient bien s’en donner la peine.
Alors, heureux ? Avec le retour du soleil, des petits oiseaux, on devrait l’être. Même si on se pose quand même certaines questions, on n’est pas des veaux, quoiqu’en pensent certains grands hommes. Dijon s’agrandit-elle ou gonfle-t-elle ? La grenouille veut-elle se faire aussi grosse que le boeuf, devenu le roi de la fête. On vous en parle dans ce numéro, forcément, tout à nos rêves de campagne en ville.