73
Magazine Dijon

Hiver 2017-2018

 N°73
 
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07

Bing Bang d’essai Spécial Bulles


Banc d'essai spécial bulles

Le match Crémants du Jura vs Bulles Bourguignonnes

En direct de la maison des Cariatides, à Dijon, un match qu’on attendait depuis un moment. Sur le ring : la Bourgogne et le Jura… Et un intrus : un champagne, chopé dans une épicerie. Matinaux, les membres du jury ont dégusté les 17 cuvées, sans broncher. Côté barème, ils se sont mis d’accord, pour noter chaque Crémant de la manière suivante :

● Qualité de la bulle / 5 points
● Aromatique / 5 points
● Dosage / 5 points
(ajout de sucre ou, dans certains cas, de mout de raisin)
● Harmonie globale / 5 points
● Pour un total de 20 points par flacon.

Les pros du goulot :

Le jury du test des crémants

  • 1 Matthieu Cordier, La Rôtisserie du Chambertin
  • 2 François Chaveriat, Dingovino
  • 3 Justine Navas-Dementin, Loiseau des Ducs
  • 4 Adrien Tirelli, La Route des Vins
  • 5 Maxime Brunet, Restaurant William Frachot
  • 6 Simon Quiquerec, Dr Wine
  • 7 Alice Lampis, La Rôtisserie du Chambertin
  • 8 Charles Do Vale, Castel de Très Girard

Les bouteilles de crémant
1-Bailly Lapierre, 2-Barthod, 3-Cuvee Loiseau, 4-Chateau de Quintigny, 5-Delagrange, 6-Domaine Courbet, 7-Ez Taniere, 8-Gruhier, 9-Louis Bouillot, 10-Louis Picamelot, 11-Frederic Lanet, 12-Lugny, 13-Mum Champagne, 14-Rolet, 15-Vitteaut Alberti, 16-Bouhelier, 17-Domaine Pignier

En rayon le jour J

15 Crémants (9 Bourguignons et 6 Jurassiens), un OVNI pétillant venu de Haute-Saône (dégoté par Bertrand Joinville / Ô Gré du vin), et un Champagne, pour ajouter du pétillant à l’histoire. Mais comme on les aime bien, ces p’tits sommeliers et ces cavistes qui ont de la bouteille, on leur a dit dès le départ qu’un intrus se cachait au milieu. Certains l’ont identifié à peine reniflé, d’autres se sont faits avoir comme des bleus. Faut dire que s’y retrouver dans le monde merveilleux des bulles n’est pas une mince affaire.
(Pour les adeptes du calendrier lunaire, cette dégust’ a eu lieu en « jour feuille »)

Côté Jura

l’aire d’appellation du Crémant se superpose à l’identique à celle des Côtes du Jura, d’Arbois, de Château-Chalon et de l’Etoile. Les vignerons peuvent aller taper dans les cépages bien de chez eux : Poulsard, Pinot noir, Trousseau, Chardonnay et Savagnin. Ces cépages autochtones au caractère parfois bien trempé ouvrent d’autres perspectives aux vignerons du secteur. Leur approche est à la fois qualitative et inventive : on peut tomber sur un Crémant avec une base de Chardonnay vieilli en fût de chêne ou sur des bulles hyper pures
d’un Crémant faiblement dosé en sucre, avec une attaque plus tendue, plus vive. Et c’est finalement ce qu’on aime chez eux, leur capacité, l’air de rien, à nous faire sortir des sentiers battus.

Pour s’y retrouver : Pour le Crémant du Jura blanc (le plus courant), le Chardonnay doit représenter au moins 50% de la cuvée. Pour le Crémant rosé, le Poulsard et le Pinot noir doivent aussi représenter au moins 50% de la cuvée.

Le chiffre qui tue : la production de Crémant du Jura représente environ 26% de la production totale AOC jurassienne (20 000 hectolitres en moyenne par an).

Côté Bourgogne

le Crémant est un vin effervescent d’appellation d’origine contrôlée. C’est une AOC régionale commune à tout le vignoble bourguignon. Autrement dit, il a le même nom et le même cahier des charges à travers toute la région… Mais ça ne veut pas dire pour autant qu’il sera fabriqué exactement de la même manière partout. Déjà, parce qu’il peut être issu d’un ou plusieurs cépages bourguignons : le Pinot Noir (cépage rouge à jus blanc) et le Chardonnay (Le Crémant de Bourgogne doit en contenir minimum 30%), le Pinot Blanc, le Pinot Gris et également le Gamay Noir à jus blanc, l’Aligoté, le Melon et le Sacy. Mais aussi, parce que les vignerons ont leur mot à dire : sur la durée de l’élevage (12 mois minimum, mais certains font durer le plaisir, jusqu’à 18 mois comme Louis Bouillot ou 6 ans pour la cuvée spéciale des Caves Bailly Lapierre), le choix des levures, le taux de SO2, la conduite de la vigne évidemment, mais aussi au moment de la mise en bouteille, où une liqueur de tirage est ajoutée pour encourager la prise de mousse, pour le remuage qui permet, mécaniquement ou manuellement, d’amener le dépôt de fermentation dans le goulot et lors du dégorgement où une liqueur d’expédition est ajoutée pour donner la teneur en sucre de la cuvée. Bref, la tendance, c’est plutôt d’en ajouter le moins possible et d’élever un Crémant comme un grand vin. Les anti-sucre, préfèrent le moût de raisin (c’est le cas du domaine Pignier ou de la Cave de Lugny).

Pour s’y retrouver :
■ Crémant de Bourgogne blanc : assemblage de différents cépages mais aucun ne prédominent vraiment. Mais il doit être composé d’au moins 30 % de Pinot Noir ou Chardonnay.
■ Crémant de Bourgogne blanc de blancs (c’est ce que nous avons privilégié dans cette dégustation) : il est composé uniquement de cépages blancs, principalement du Chardonnay, parfois assemblé avec de l’Aligoté (comme dans la cuvée Perle d’Ivoire de Louis Bouillot, dégustée ce matin)
■ Crémant de Bourgogne blanc de noirs : il est élaboré à partir de cépages rouges. Majoritairement du Pinot Noir (et éventuellement du Gamay, comme dans la cuvée choisie à la Cave de Lugny.
■ Crémant de Bourgogne rosé : il contient principalement du Pinot Noir
Un Crémant brut contient moins de 15 g de sucre par litres, le sec entre 13 et 35 g et le demi-sec entre 35 et 50 g.

Le chiffre qui tue : 2 bouteilles de Crémant de Bourgogne sont ouvertes dans le monde toutes les heures.

Le verdict

Le Crémant blanc de blancs du domaine Delagrange (à Volnay), a fait chavirer nos pros du goulot. Il est élaboré à partir de chardonnays des Hautes-Côtes de Beaune, confiés ensuite, pour l’élevage, au domaine Vitteaut-Alberti à Rully (aussi présent dans le classement en nom propre). Comme quoi, tout est une question de matières premières et donc de terroir ! Direct derrière, le « piège » de ce « Bing Bang d’essai » : le Champagne Mum. Droit dans ses bulles, assez lisse (pour ne pas dire sans âme) il remplit sa mission : c’est un breuvage rassurant, facile et accessible (vu le prix – autour de 30 euros -) on pourrait exiger quand même un peu plus de ce Cordon Rouge vendu à Carrouf. Troisième du peloton (et donc deuxième Crémant), le domaine Pignier dans le Jura. Rien à dire, c’est beau, c’est bon, c’est bien fait… en plus – ça ne se voit pas dans le verre – mais ils sont super sympas (même les Bourguignons pure souche l’ont bien noté… Comme quoi tout arrive). Juste après, et dans un mouchoir de poche, on retrouve les Caves de Lugny (premier producteur de vins de Bourgogne), la Cuvée de la Maison Loiseau signée Bichot et le domaine Courbet installé à Nevy-sur-Seille. Le classement navigue du nord au sud, d’est en ouest, avec des écarts de notes parfois surréalistes qui nous prouvent que le vin est d’abord une histoire de goût et d’être humain…

■ Emilie Chapulliot

Le vin Les commentaires Note
sur 100
Classement
BAILLY LAPIERRE (89)
Vive la Joie 2009
C’est le seul « vieux millésime de la sélection ». Son faible dosage a été apprécié. 95
CUVÉE BARTHOD Bouchonné… c’est le jeu ma pauvr’ Lucette - -
CUVÉE LOISEAU - Albert Bichot (21)
Blanc de Blancs
Des bulles fines, du fruit, de la rondeur, de la personnalité. Il a presque mis tout le monde d’accord. 100
DOMAINE CARTAUX BOUGAUD (39)
Château Quintigny
Un vilain défaut non identifié mais flairé ici ou là autour de la table vient légèrement plomber la note globale. 93,5
DOMAINE DELAGRANGE (21)
Blanc de Blancs
Cuvée prestige
Tout en charme et en finesse, il a tapé dans l’œil et dans le palais de tout le monde. L’un des jurés l’a même pris pour un Champagne (les notes grimpent jusqu’à 19) 119,5 1er - Route des vins
rue Musette, Dijon
DOMAINE COURBET (39)
Brut
Au coude à coude avec la cuvée Loiseau (en total des points), ce Jura a totalement divisé le jury : les notes vont de 3 (c’est dur !) à 16,5. 101,5 4ème - Route des vins
rue Musette, Dijon
VIGNOBLES BOIRIN
Ez Tanières (70)
Brut nature
L’OVNI nature de la sélection (un vin mousseux de l’Yonne) a tiré son épingle du jeu… Même si l’un des membres du jury l’a qualifié de « jus de feuilles » il a plutôt séduit pour sa finesse et sa maîtrise. 92
DOMAINE GRUHIER (89)
Extra brut 2014
Tonique et énergique, cette cuvée est venue réveiller nos jurés, et visiblement, ce n’était pas pour leur déplaire 97,5
LOUIS BOUILLOT (21)
Blanc de Blancs - Perle d’Ivoire
Encore un vin qui divise. En tête d’un côté avec 16,5 et quasi bon dernier de l’autre avec un joli 4. C’est surtout son équilibre qui fait sa force. 87,5
LOUIS PICAMELOT (21)
Les Reipes -
Blanc de Blancs extra brut
À une exception près, il obtient la moyenne chez tout le monde. Un peu austère pour les uns, il a su rassurer les autres avec sa belle rondeur (et oui, les verdicts de dégust’ sont parfois assez contradictoires !) 90,5
FREDERIC LORNET (39)
Brut
Les Bourguignons sont durs avec les vins du Jura et ça se vérifie avec des notes qui restent correctes mais qui ont du mal à décoller… Jugé « hors de la tendance actuelle, loin des bulles vineuses avec un côté très crémeux » par un membre du jury qui lui a attribué un 16. 84
CAVES DE LUGNY (71)
Blanc de Noirs
Cet assemblage de pinot noir et de gamay made in Saône et Loire a fait son p’tit effet. Pris à plusieurs reprises pour un champagne, sa nervosité a autant plu que déplu. 102 3ème - Caves de Lugny
MUM CHAMPAGNE
Brut Cordon Rouge
Tout le monde s’accorde pour dire que « c’est bien fait ». Ou pour reprendre Maxime : « pas de prise de risque, pas de personnalité. C’est réconfortant et rassurant ». Ceci dit, notre jury du jour n’avait visiblement pas l’âme d’un aventurier, puisque ce Champagne un peu gnan-gnan arrive en pôle position. 117 (2ème au classement final mais hors concours puisqu’il s’agit d’un Champ’)
VITEAUT ALBERTI (71)
Blanc de Blancs
Agréable sans être foufou. Le jury semble être resté sur sa faim. 91
DOMAINE BOUHELIER (21)
Cuvée Trésor - Millésime 2011
Blanc de Blancs
Note sanction pour cette cuvée qui semble manquer cruellement de gourmandise et de tonus. 75,5
DOMAINE PIGNIER (39)
Brut
Aérien, oncteux et vif : ou comment réconcilier les Bourguignons avec le Jura. Sans une grosse taule (allergie profonde au Jura ?) injustifiée aux yeux des autres membres du jury, Ce crémant obtenait une moyenne de presque 15… Le classant en tête ! (mais non, on ne refera pas le match) 108,5 2ème - Au vieux Millesime Rue Monge- Dijon

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