Été 2016
N°67
Dan Eelson est de ceux qui fusionnent délicieusement les genres. Chez ce nouvel auteur, la symbiose obtenue nous immerge très vite dans l’ambiance addictive du premier opus de la saga l’Ordre d’Obéron.
Tout débute par un prologue cousu, énigmatique, fourmillant de sens cachés et d’allégories aussi oniriques qu’ironiques. L’aspect pourrait faire à quelques-uns l’effet de chaussures neuves ou de parcours initiatique. Les autres seront simplement enchantés.
Après ce prélude différent du reste, l’intrigue principale de Bifide Chrysalide se déroule majoritairement à Obéron, une petite ville reculée des rocheuses canadiennes de l’Alberta, dans les décennies à venir. Emmy Grant, agent d’un puissant centre de renseignements et jeune femme pour le moins déterminée, vient rendre visite de façon peu courtoise à l’Ordre monastique installé à Obéron. Ses raisons sont anciennes et profondément enracinées en elle, bien qu’elle soit loin d’en connaître toutes les ramifications et, surtout, d’en avoir imaginé toutes les implications ! Les personnages sont forts, secrets, agréablement dosés et solidement établis dans chacune de leurs facettes. L’action qui s’articule autour d’eux est ingénieusement composée, bifide étant bien le mot clé de ce roman agréable et distillé.
L’ensemble est vivant, vibrant, efficace, et propose de beaux tableaux introspectifs ainsi que des réflexions sur l’air du temps et celui du siècle en marche (particulièrement dans le tome II de l’Ordre d’Obéron à paraître, que nous avons eu l’opportunité de savourer et qui confirme l’indéniable force de l’auteur. Nous ne manquerons pas de vous en reparler lors de sa sortie).
Quels que soient le lieu et le moment, l’alchimie des atmosphères de Bifide Chrysalide opère et l’on tourne les pages encore et encore (psychological page-turner with intellectual cliffhangers dit-on de ce type de roman outre-manche). Alors, pensez à vous équiper de quelque chose à grignoter et à vous méfier du soleil au cas où vous choisiriez de dévorer ce copieux thriller sur la pelouse d’un parc, ou sur le sable devant le bruit des vagues.
Aussi, en visitant le site internet de cet auteur multiple, vous découvrirez, outre que s’y niche une énigme, sa biographie pour le moins originale, que nous n’avons pas évoquée, pour cause. ■ A. Muller
« C’est à l’ombre
que les fleurs fabuleuses s’épanouissent parfois. »
de Dan Eelson,
Ed. Libriptera
Broché - 594 pages
23,90 €