
Alors où sont-ils passés les ducs ? Certes quelques initiés disposant d’un peu plus d’une heure quinze minutes et dix secondes pour profiter des lieux, s’aventureront jusqu’au Musée du Vin. Des panneaux dans la cour leur indiquent qu’ils passent dans l’ancien hôtel beaunois des ducs de Bourgogne. L’aile des communs avec sa magnifique galerie à pan de bois a supplanté la résidence ducale elle-même, en face, de l’autre côté de la cour. Elle lui a volé la vedette attirant sur elle les regards et les projecteurs qui, la nuit venue, projettent sur ses pans de bois des images résolument bourguignonnes pourtant.
Encore un second plan qui est passé au premier. Les touristes traversent la cour et vont droit vers la maquette représentant les remparts de la cité. Ils entrent, de temps en temps seulement, dans le bâtiment qui abrite la collection de pressoirs, sans même remarquer, ou rarement que ce bâtiment avant d’être une annexe des collections permanentes du Musée devait être dédié à un autre usage… La fenêtre sur le pignon avec ses deux coussièges désespérément vides qui se font face au-dessus du vide laissent deviner que, ma foi, pour aller prendre place devant la clarté de cette fenêtre, il eut bien fallu qu’il y ait un étage, un plancher et même un escalier quelque part. Certes, les corbeaux de pierres qui dépassent des murs sont aussi de bons témoins de ce temps passé où cette grange était autre chose.
Qui a remarqué dans cette même cour l’un des chapiteaux d’une colonne soutenant la galerie en bois, même arasé, qui laisse entrevoir les armes et le collier de l’ordre de Saint Michel. Une pure création du roi en 1469, il fallait bien qu’il ait son propre ordre de chevalerie n’étant pas chevalier de la Toison d’Or. Louis XI a donc lancé les hostilités, après avoir repris de force la cité, en gommant ses prédécesseurs et y apposant les insignes royaux, les siens, à lui tout seul. Quel manque de gratitude, quelle amertume, lorsqu’on sait qu’il a demandé le soutien de ces mêmes ducs, et Philippe le Bon en particulier lorsqu’il était en froid avec son propre père…
...En y regardant de plus près on réalise avec un peu de ressentiment, si ne n’est de colère, de grondement, de scrogneugneu, que ceux qui ont voulu punir les Beaunois de leur indéfectible soutien à Marie, fille du Téméraire, le dernier de nos ducs, n’ont eu de cesse d’effacer, de gommer toute trace visible, tangible de l’ancienne cité administrative ducale. Ce dernier bastion de soutien de la résistance contre le roi de France, 100% bourguignon, a finalement payé cher son adhésion à la cause ducale. Et vous savez quoi ? Ils ont presque réussi. Presque dis-je parce que, heureusement Nicolas Rolin a su s’imposer avec son Hostel Dieu et si vous êtes bien accompagnés, vous replongerez immanquablement dans la Beaune ducale et vous découvrirez les stigmates infligés par ceux qui ont mis un soin tout particulier à vouloir tout faire disparaître.
■ Charlotte Fromont,
Guide conférencière
Partir en escapade avec des guides indépendants en BFC
Ils sont vingt-sept, tous titulaires de la carte de guide (GIL, GC ou GN) et tous travailleurs indépendants de Chablis à Mâcon et de Besançon à Arbois jusqu’à Cluny. Bien sûr ils ont coutume de partager avec vous le territoire, ses histoires, ses monuments. Mais pas toujours comme vous l’entendez… Car c’est ça le métier de guide. Être en mesure d’aborder et de vous présenter les choses visibles ou cachées sous des angles bien différents.
Leur imagination pour vous faire découvrir notre patrimoine n’a pas de limites et, mobiles, ils s’adaptent à tout ou presque : à pied (le plus souvent), de temps en temps en vélo (si vous insistez), en voiture, segway, avec vous en autocar, en patins à roulettes (nous n’avons pas encore essayé !) c’est selon vos modes de déplacement. Et pour les événements, les séminaires, les soirées, ils imaginent des ateliers, des expositions, des expériences gustatives archéologiques…
Qui a dit que les guides diplômés étaient des casse pieds ? www.guides-bourgogne.fr