Hiver 2016/2017
N°692016, Paris-Dijon, fin de parcours :
François Barnoud est parti sur un air de jazz, sa grande passion, avec l’art contemporain.Une passion qui l’avait poussé, il y a quelques temps, à devenir le nouveau propriétaire du club de jazz Le Petit Journal Saint-Michel, à Paris. Il accompagnait encore régulièrement à la contrebasse, malgré la maladie, les musiciens qu’il invitait, que ce soit au Petit Journal Saint-Michel ou au Crusoé, à Dijon, où il avait entamé une série de concerts de jazz depuis la rentrée. C’est à force de fréquenter les boîtes de jazz de St Germain des Prés qu’il avait commencé à s’intéresser aux galeries d’art. En 1987 il avait décidé de créer sa propre galerie d’art contemporain, à Dijon. Il s’était installé à Quetigny en 2012, dans un ancien atelier de Géotec baptisé « Entrepôt 9 » mais c’est aussi au château de Dravert, dans le Charolais, qu’on pouvait apercevoir une partie de sa collection exceptionnelle. À Laurence maintenant la charge de poursuivre l’œuvre. Une fin de parcours qui laisse là encore un goût d’inachevé, et de profonde tristesse.
Hervé était revenu à Dijon pour l’enterrement de son père et j’étais loin de Dijon pour son enterrement au cimetière de Montmartre, en juin. Lors de son ultime visite, à Dijon, on s’était quand même retrouvé autour d’un verre, et l’on avait parlé projets, comme toujours. Hervé Baudry avait commencé par faire rire les lecteurs du Bien Public, après avoir testé son trait dans les pages du Chatillonnais et l’Auxois (qui ne s’appelait peut-être pas comme ça lorsqu’il a commencé, en 1981), journal auquel il est resté fidèle, pendant 35 ans. Il nous aimait bien, les Bourguignons, on l’amusait, même s’il trouvait qu’on s’habillait triste. Il était parti vivre de ses feutres et de ses crayons à Paris, aux côtés de Claudie, sa femme, qui partageait son humour de la vie. Jusqu’à ce malaise cardiaque, devant chez lui, il a mené l’existence dont il rêvait, au cœur de Montmartre, entouré de ses gosses, de ses copains artistes. Et il était resté fidèle à son trait, une ligne claire, facile à comprendre et à partager. Il croquait l’actu, matin, midi et soir, pour Le Monde, Rue 89, Public Sénat et c’étaient Hollande, Sarko, les politiques, les truqueurs, les méchants qui en faisaient les frais. Il doit trouver drôle, là où il est, de voir que nombre de ceux qu’il a mené par le bout de son crayon ont déjà disparu des feux de l’actu. Une actu dont il était devenu un « addict » au fil des ans, refusant de prendre les autres au sérieux jusqu’à ce que certains évènements l’amènent à plus de gravité. Sa petite sirène de Copenhague faisant un doigt aux terroristes a été vue dans le monde entier. Pour se détendre, il jouait avec les couleurs, dans son atelier (La Cabana), il peignait sur des grands formats, il aimait les villes, il aurait pu participer à la future expo autour de l’architecture, à Dijon, son côté optimiste aurait chassé la grisaille de l’hiver. Lui qui aimait les cigares, les fringues, les chapeaux, Cuba mais pas Castro, s’était créé un personnage haut en couleurs, qui ne « grisonnera » jamais, désormais. ■ GB