Printemps 2016
N°66Cette réplique tirée des Tontons Flingueurs, dite par Raoul Volfoni, incarné par Bernard Blier, est signée Michel Audiard qui avouait deux principales sources d’inspiration : les chauffeurs de taxis et Bernard Blier. Cette réplique aurait aussi bien pu être dite par Suzanne Blier à Buenos Aires le 11 janvier 1916 alors qu’elle venait de donner le jour au petit Bernard, en l’absence de son père Jules, en Europe et en pleine guerre.
Ben justement, on en parle encore de Bernard Blier, cent ans plus tard. Faut quand même savoir que sa mère est bourguignonne, née à Spoy où son grand-père, député de la Côte-d’Or qui se nommait Nicolas Julien, mais était appelé Amédée Bargy, exploitait les établissements Bargy Frères.
On saura encore que la seconde épouse de Blier, Annette, est quant à elle de Pontarlier ; elle dirigeait l’Hôtel de la Terrasse, propriété de ses parents quand en 1961, Bernard Blier y séjourna un long moment durant le tournage de l’inoubliable « Septième juré » de Georges Lautner. Coup de foudre, liaison tumultueuse, Blier est marié, il a 20 ans de plus qu’Annette, la femme de Blier refuse le divorce, c’est au bout de plus de deux années de clandestinité que les tourtereaux emménagent enfin ensemble rue Spontini à Paris.
Faut quand même avoir un truc en tête, c’est que Monsieur Blier, c’était à l’époque quasiment ce qui se faisait de mieux sur le plan célébrité, à part Gabin. C’était lui, le fils spirituel de Louis Jouvet qui fut son maître et ami. Blier était très populaire, « le Septième juré », c’était son centième film ! Les succès, il en avait déjà enchaîné plus d’un depuis « Entrée des artistes » en 1938, en passant par « Hôtel du Nord », « Le jour se lève », « Quai des Orfèvres », « L’école buissonnière », « Manèges », « Les Misérables », et des succès il en connaîtra encore, puisqu’il tournera au total 180 films !
Son truc à Blier, c’est sa diction, parfaite et reconnaissable entre mille, et en plus on sent la jubilation qu’il a à dire son texte, il le hume, le goûte, le savoure, et nous invite à ce repas de mots, bref, il nous nourrit.
Merci M’sieur Bernard, pour toutes ces nourritures qui m’ont fait grandir et, en ces périodes de disette, on se dit qu’on manque de nourriciers !
■ GB