Avril mai juin 2010
N°42Au début, on pouvait les prendre pour les deux Dupond(t), mais avec le temps et la tendance à s’arrondir de l’un, on peut mieux les départager. Celui qu’on voit, et qu’on entend partout, c’est Nicolas Isnard. David Lecomte, c’est son associé. Celui qui fait tourner La Charme, le resto qu’ils ont racheté à David Zuddas, quand le premier court après fortune et gloire aux quatre coins du monde. À eux deux, ils font ce que tout chef aimerait faire depuis que Bocuse est allé se faire voir en Chine :
être tout à la fois dans son resto et aller voir ailleurs si la cuisine qu’on fait est meilleure…
Nicolas Isnard et David Lecomte sont des chefs inséparables. Après avoir mené la vie de chateau, dans l’Aude et en Touraine, ils jouent depuis plus d’un an, avec leurs épouses, aux néo-aubergistes bourguignons. Confiants dans leur bonne étoile, ils ont fait de cette auberge bourguignonne perdue aux portes de Dijon un lieu où l’on vient savourer une cuisine qui allie non sans humour le côté France d’hier à une découverte du produit très actuelle. Une cuisine de saison aux couleurs du temps, qui a du mordant, du savoureux, du surprenant, toujours. Une cuisine d’auteurs, qui ne vous prend pas de haut. S’ils ont à la carte des plats typiques comme le bœuf bourguignon ou le lapin à la moutarde, ce n’est pas le retour à la ferme pour autant.
Le petit Nicolas a du être un enfant étonnant. Jamais content. La première fois que nos chemins se sont croisés, c’était à Fontjoncouse, dans l’Aude. Je découvrais alors la table de Gilles Goujon, celui que Michelin vient de consacrer (seul 3 étoiles de l’année). Il n’y a pas que la cuisine qui avait de la gueule, le chef aussi, et son second, un certain Isnard, n’était pas en reste. De voir son ancien chef consacré aujourd’hui, pour une cuisine et des recettes qu’il connait bien, donne des ailes à Nicolas, qui ne se contente plus de sa première étoile, mais guette déjà la seconde. Si La Charme, toute rénovée qu’elle soit, ne lui permet pas de l’obtenir, il ira voir ailleurs. Il y a bien un hôtel 4 ou 5 étoiles (plus il y en a, plus il aime !) qui va s’ouvrir dans les environs pour héberger la star montante. Entretemps, il va diversifier ses produits : une mallette surprise pour offrir un repas de charme chez lui, des bouquins savoureux, et la reprise de la société de traiteur montée par David Zuddas, pour aller faire de la cuisine en dehors de la sienne, trop étroite : aura-t-il le culot de reprendre le “fish ans chips” inventé pour la soirée du BIVB ? Kook’In, il l’est assurément…
Il continue les cours de cuisine, autre produit dans l’air du temps, et accueille, quand il n’est pas parti en Afrique ou en Asie, un troisième compère, étoilé célèbre, pour une vraie cuisine à six mains. Il est consultant pour Seb ou Metro, parce que c’est facile, que tous les chefs voudraient le faire et que ça rapporte gros. Ce qui ne devrait pas l’empêcher d’ouvrir un bistrot sur Dijon s’il trouve un associé à la hauteur de ses rêves…
Auberge de la Charme : 21370 Prenois. Tél : 03-80-35-32-84. Tlj sf lun-mar. delacharme@orange.fr Formule le midi en sem à 20 ou 27 € (un ou deux plats) avec un verre devin. Le soir, menus à 45, 65 et 85 €.