Hiver 2013-2014
N°57Les libraires le savent bien : c’est toujours pour un ami, cette éternelle excuse, que l’on achète certains livres. C’est donc en feuilletant, pour un ami, les guides techniques des éditions Tabou, qu’un membre de Bing Bang a découvert sur les étagères une très jolie BD érotique avec, au scénario, un Dijonnais que l’on n’est pas près de voir en dédicace dans sa ville natale.
Aucune violence sadienne dans l’oeuvre libertine, sympathique et vigoureuse du chevalier Andréa de Nerciat, né ici en 1739 et décédé à Naples en 1800. Juste le sexe, cool, joyeux et sportif. A son actif, des romans pour le fun et des essais clandestins, comme ce manifeste pour la libération sexuelle des écclésiastiques.
Etudiant brillant, militaire polyglotte, Andréa de Nerciat fut lieutenant dans un bataillon bourguignon et bourlinguera au Danemark, sera nommé capitaine, deviendra gendarme de la Garde Ordinaire du Roi puis espion, peut-être même agent double, en Allemagne et en Suisse.
Une vie pleine de mystères et d’action : légionnaire au Luxembourg, Andréa de Nerciat aurait été mercenaire et libraire en Allemagne, aurait fréquenté Casanova, écrivant entre deux bagarres Félicia ou mes fredaines, ou son œuvre posthume, Le Diable au corps.
En attendant de croiser son fantôme en plein quickie sous une porte cochère du centre-ville, on peut toujours prendre pour un soir la série Les Aphrodites avec au dessin Emmanuel Murzeau. C’est pour offrir, bien sûr.
■ Olivier Mouchiquel