Octobre novembre 2010
N°44
C’est dur, votre écran arrive toujours à vous filer une info angoissante, un email à répondre d’urgence ou un travail à terminer pour vous inciter à rester at home. Mais stress ou pas, ne comptez pas vous débarrasser de nous en nous envoyant faire un détour par les bars louches (ou lounge, comme on dit aujourd’hui !) de la ville. Pas question d’imiter nos confrères parisiens et de prendre une poudre qui n’a rien d’escampette : l’émotion du direct, en salle, rien de tel pour nous (pour vous) doper…
Pour tenir le coup, on vous a donc dégoté quelques petites sorties à faire entre amis, en dehors même des grands rendez-vous que le Zénith ou l’Auditorium vous ont fixés depuis belle lurette. Tout le monde sait que le Zénith a fêté ses cinq ans avec Santana (dans la grande série : le retour des morts vivants) et l’Auditorium commencé une saison en beauté avec Madama Butterfly. Plutôt que de parler des décors et de la mise en scène, « sublimes, selon Bridget P », d’autres ont préféré me rapporter, sur le ton de la confidence : « le maire a beaucoup aimé », ce qui aujourd’hui vaut toutes les critiques publiées dans le Bien Public.
Il n’y avait pas beaucoup de monde par contre pour découvrir l’orchestre Dijon-Bourgogne lors d’une mémorable soirée, riche d’émotions, autour de Malhler et Bernstein. Evidemment, c’était un soir de grêve, fallait se remettre de ses émotions, les politiques étaient absents, et le pauvre Rodolphe Segay, qui avait quitté son resto Carte Blanche, en face, pour nourrir et abreuver les mélomanes à l’entracte, devait se dire qu’il avait eu une drôle d’idée de vouloir tenir la buvette.
Il compensera ses pertes quand un chorégraphe célèbre venu de Belgique ou un superbe Opéra créé cet automne à Lille attirera de nouveau les foules, toujours persuadées (parfois non sans raison) que ce qui se fait ailleurs est meilleur… Le Dijonnais a l’âme méfiante, il a besoin d’être conforté dans ses choix par une reconnaissance nationale voire mondiale. Avec Orlando, qui nous arrive d’Angleterre via Lille, il va être servi sur un plateau… d’exception. On a de plus en plus d’artistes qui passent par Dijon et s’arrêtent quelques temps en allant vers Lyon, le midi, le soleil, c’est normal, il n’y a plus de saison, mais les migrations continuent.
Gérard Bouchu