78
Magazine Dijon

Printemps 2019

 N°78
 
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08

par Gérard Bouchu

À la santé des Ducs de Bourgogne Une nuit au Musée


À la santé des Ducs de Bourgogne

Les Ducs, quand ils ont entendu ce qu’on avait découvert sur eux, croyez-nous ou pas, ça a eu l’air de les amuser, voire de leur plaire.
On avait apporté quelques bouteilles de ce vin de Bourgogne qu’ils affectionnaient, ça tombait bien. On a prétendu qu’on préparait un grand feuilleton historique coproduit par les différents pays qui formèrent un jour, par le jeu des héritages et des mariages, la Grande Bourgogne.
Du coup, on a passé une partie de la nuit à se le faire, notre film. Chacun a refait l’histoire à sa façon. « Père gardez-vous à droite, père gardez-vous à gauche », on leur a dit que ça ne valait plus rien, désormais, avec Manu 1er. Mais le présent, ils s’en moquaient. Leurs fantômes hantent ces lieux depuis si longtemps qu’ils savent tout de la vilénie de leurs successeurs, ils nous en ont raconté de belles quand on a commencé à parler meurtres, trahisons.

Je te tue, tu me tues, ils nous tuent…

Celui d’entre eux qui n’avait jamais peur de rien s’est vanté de l’assassinat d’un frère du roi (Germain a pris des notes, vous lirez tout ça plus loin) avant de se retrouver lui-même exécuté sous les ordres du futur Charles VII, ce qu’il n’a toujours pas digéré. Son fils non plus, d’ailleurs. Ce bon Philippe, qu’on aime tant à Dijon, et qui a fini par se dérider quand Lolotte, la seule fille de notre groupe, guide à ses heures, a commencé à évoquer ses dizaines de batards, qu’elle connaissait comme si elle les avait faits.
On a parlé chiffons, bijoux, à commencer par une certain collier de la Toison d’Or, festins et canons aussi, bien sûr. Du coup, ça nous a donné faim et encore plus soif, et on a puisé dans les réserves du duc actuel. Quand on a dit qu’on avait les crocs, ça n’a pas amusé le Téméraire, qui a fini dans la gueule d’un loup, ce qui explique pourquoi son tombeau est vide, à Bruges. Le pauvre homme a pleuré ensuite quand on a parlé de sa fille, la douce Marie de Bourgogne, dont le mariage avec Maximilien d’Autriche avait sonné le glas de la Grande Bourgogne.

Un toast à la Bourgogne éternelle

On aurait bien aimé évoquer aussi leurs épouses, leur entourage et tous ces gueux qui agitaient les bras en les voyant passer (exécutant un ban bourguignon avant l’heure) lorsqu’ils faisaient leur grande entrée dans leur bonne ville. On parle de Dijon, bien sûr, seule ville où ces grands voyageurs revenaient toujours, un jour ou l’autre, pour festoyer, ou définitivement, pour se faire enterrer.
Que les tombeaux de deux d’entre eux soient situés dans l’ancienne salle des banquets de leur palais n’a pas semblé les étonner. Ils ont trouvé tout naturel qu’on doive se baisser pour saluer à leurs pieds le cortège des pleurants ayant suivi leurs maîtres jusqu’à leur dernière demeure.
On a senti que les Ducs ne nous écoutaient plus. Ils n’avaient plus rien à boire, le jour allait se lever. Ils ne manifestèrent un peu intérêt que lorsqu’on parla d’aller faire un tour à Vienne, à la frontière de l’Autriche, pour voir ce qui restait de leurs rêves et de leurs trésors, dans les sous-sols du château des Habsbourg, et un détour en Suisse par le musée de Berne, les Suisses ayant hérité des biens en possession du Téméraire.

Bientôt une grande saga en images (enfin, on l’espère !)

Ce grand feuilleton historique et décalé dont les Ducs rêvaient depuis des années, on y a cru, en finissant la dernière bouteille de griotte-chambertin avant l’arrivée des restauratrices et des différents corps de métier qui commençaient à investir les salles de bon matin, tandis qu’au-dehors les échafaudages continuaient d’être démontés.
En attendant de trouver l’argent pour réaliser ce film, Didier a promis qu’il les dessinerait directement sur écran, pour faire une BD ou un bouquin un peu barge. On a réveillé Claude à qui les Ducs ont donné rendez-vous quelques heures plus tard, le temps de se changer, pour une balade en ville. On a porté un dernier toast à la Bourgogne éternelle, on a pris des photos et échangé quelques dédicaces, on les tient à votre disposition, bien sûr, si vous ne nous croyez toujours pas. ■


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